Bukavu, capitale du Sud-Kivu, traverse une crise pétrolière sans précédent qui paralyse progressivement l’économie locale. Depuis sept jours, les stations-service affichent des réservoirs vides, contraignant les automobilistes à une chasse au carburant épuisante et coûteuse. Cette pénurie d’essence frappe de plein fouet une ville déjà fragilisée par des mois d’instabilité sécuritaire.
Le marché noir prospère dans l’ombre, avec des prix atteignant des sommets vertigineux. Le litre d’essence, officiellement tarifé à 3 600 FC, se négocie désormais entre 4 000 et 4 800 FC dans les circuits informels. Une augmentation de près de 50% qui reflète la loi implacable de l’offre et de la demande en situation de crise aiguë.
Les conséquences sur le transport urbain sont catastrophiques. Les mototaxis, colonne vertébrale de la mobilité à Bukavu, ont brutalement revu leurs tarifs à la hausse. Un trajet ordinaire passe de 2 000 à 3 000 FC, alourdissant le budget des ménages déjà éprouvés par l’inflation galopante. Comment les Bukaviens peuvent-ils supporter ce fardeau supplémentaire dans un contexte économique déjà délétère ?
Les autorités provinciales pointent du doigt un concours de circonstances défavorables. La flambée des cours internationaux du pétrole se combine aux séquelles de l’occupation récente du M23. La fermeture des institutions bancaires et les pillages survenus entre janvier et février 2025 ont contraint de nombreux opérateurs pétroliers à suspendre leurs activités. Le secteur énergétique local paie aujourd’hui le prix de cette instabilité persistante.
Cette pénurie de carburant à Bukavu illustre cruellement la vulnérabilité économique de l’Est congolais. Les circuits d’approvisionnement, fragilisés par des années de conflit, peinent à résister aux chocs exogènes. Les experts économiques s’inquiètent d’un effet domino susceptible d’affecter tous les secteurs productifs. Combien de temps faudra-t-il pour rétablir une distribution normale ? La question reste ouverte, tant les défis logistiques et sécuritaires apparaissent complexes.
À moyen terme, cette crise pétrolière risque d’accentuer le ralentissement économique déjà observé dans la région. Les petites entreprises, dépendantes du transport routier, réduisent progressivement leurs activités. Les marchandises peinent à circuler, faisant craindre une inflation généralisée sur les produits de première nécessité. Le cercle vicieux de la crise économique guette une population déjà éprouvée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net