La circulation incontrôlée d’armes légères dans le groupement Ikobo, territoire de Walikale au Nord-Kivu, suscite une inquiétude croissante parmi les populations locales. Selon des sources sécuritaires sous couvert d’anonymat, les rebelles de l’AFC/M23 auraient distribué des armes à des chefs de villages qu’ils ont installés après la conquête de cette zone.
Cette distribution d’armes aux civils, effectuée il y a plus d’un mois, représente une menace supplémentaire pour des communautés déjà traumatisées par les exactions des groupes armés. L’absence de formation sur l’utilisation de ces armes transforme chaque conflit en potentielle tragédie.
Dans une région où les conflits fonciers sont monnaie courante, la présence d’armes entre les mains de civils crée un climat de terreur permanent. Les témoignages recueillis décrivent une situation où la force brute remplace le droit coutumier. « Des gens perdent leurs champs ici à cause de cette situation. Devant une arme, qui peut oser discuter ? », interroge amèrement un habitant de la place.
Le phénomène prend une dimension particulièrement inquiétante avec la transformation des chefs de villages installés par les rebelles. Initialement présentés comme des autorités locales, ces individus se sont mués en bourreaux pour les populations qu’ils étaient censés représenter. Comment une telle dérive a-t-elle pu s’installer aussi rapidement ?
Les conséquences sur le tissu social sont déjà visibles. Des civils, armés et soutenus par les rebelles, s’approprient illégalement des terres grâce à la menace des armes. « Celui qui n’avait pas de terre devient aujourd’hui propriétaire d’une portion qui ne lui appartenait pas avant, seulement parce qu’il a utilisé l’arme à sa disposition pour intimider le vrai propriétaire », déplore un résident local.
Cette situation soulève des questions cruciales sur la sécurité des civils dans les zones sous contrôle rebelle. L’absence de l’autorité étatique permet-elle l’installation de systèmes parallèles de pouvoir basés sur la violence ? La communauté internationale mesure-t-elle l’ampleur de cette déstabilisation systématique ?
Les activistes locaux plaident pour une intervention urgente visant à restaurer l’autorité de l’État dans la région. Leur cri d’alarme met en lumière la détérioration rapide des conditions de vie dans ces zones contrôlées par les rebelles. Sans action concrète, cette distribution d’armes aux civils risque d’envenimer davantage les tensions déjà explosives dans le Nord-Kivu.
La population vit désormais dans une peur constante, coincée entre les exactions des rebelles et l’arbitraire de civils armés. Cette nouvelle donne sécuritaire complique encore les efforts de pacification dans une région meurtrie par des décennies de conflits. Jusqu’où cette spirale de violence peut-elle encore aller ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd