À Djaiba, dans le territoire de Djugu en Ituri, une rentrée scolaire sous le signe de l’incertitude se profile pour des centaines d’enfants déplacés. Leurs familles, survivant dans des sites de fortune après avoir fui les violences armées, affrontent des conditions si précaires que l’accès à l’éducation relève presque du miracle. Comment envisager sereinement le chemin de l’école quand la survie quotidienne consume toutes les énergies ?
La majorité de ces parents ont tout perdu lors d’attaques répétées de groupes armés. Depuis des mois, ils tentent de se reconstruire à Djaiba, mais les champs demeurent inaccessibles, les activités économiques sont paralysées, et la pauvreté s’aggrave inexorablement. Même avec la gratuité de l’enseignement primaire et partiellement secondaire en RDC, l’achat des fournitures et tenues scolaires représente un obstacle insurmontable pour ces familles démunies.
« Jusqu’à présent, je n’ai encore rien préparé. Je me demande où trouver des fournitures scolaires pour les enfants. En tout cas, je suis dépassé », confie un père de famille, le regard perdu dans l’horizon incertain de Djaiba. Son témoignage reflète le désarroi de toute une communauté prise au piège entre la violence des conflits armés et l’urgence de préserver l’avenir de ses enfants.
Une mère de famille ajoute, la voix brisée par l’émotion : « Il n’y a nulle part où nous pouvons cultiver. Tous nos produits champêtres ont été emportés par les miliciens de la CODECO. Ils ont incendié nos maisons, avec les cahiers et les uniformes de nos enfants. Difficile de les faire retourner à l’école ». Son récit poignant illustre la double peine subie par ces familles : victimes des violences, elles voient aussi l’éducation de leurs enfants sacrifiée.
Face à cette détresse, des solutions de fortune émergent péniblement. Certains parents envisagent d’envoyer leurs enfants à l’école avec des cahiers usés et des sacs abîmés, dernier rempart contre une déscolarisation définitive. Cette résistance acharnée pour préserver le droit à l’éducation dans des conditions si hostiles force l’admiration, mais elle ne suffira pas sans un soutien urgent.
Cette situation critique à Djaiba met en lumière les défis colossaux auxquels sont confrontées les familles déplacées dans l’est de la RDC. La crise humanitaire qui frappe l’Ituri compromet gravement l’éducation des enfants déplacés, creusant davantage les inégalités et hypothéquant l’avenir de toute une génération. Jusqu’à quand ces enfants paieront-ils le prix de conflits qu’ils n’ont pas choisis ?
L’urgence appelle à une mobilisation immédiate des autorités congolaises et des partenaires humanitaires. Garantir le droit à l’éducation dans les zones en crise n’est pas une option, mais une nécessité absolue pour reconstruire une région meurtrie par des années de violence. Les enfants de Djaiba, comme tous ceux touchés par les conflits armés en RDC, méritent plus que des promesses : ils ont besoin de cahiers, de stylos, et d’un avenir qui ne soit pas sacrifié sur l’autel de la guerre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
