Pour la première fois de son histoire financière, la République Démocratique du Congo s’apprête à émettre une euro-obligation souveraine de 1,5 milliard de dollars américains. Cette décision stratégique, annoncée officiellement par le ministère des Finances, marque un tournant significatif dans la politique de financement des infrastructures nationales. Le gouvernement congolais entend ainsi mobiliser des capitaux internationaux pour accélérer la mise en œuvre de son Programme d’Actions 2024-2028, avec un focus particulier sur l’amélioration de la connectivité nationale.
Mais qu’est-ce qu’une eurobond exactement ? Il s’agit d’un instrument de dette souveraine émis sur les marchés financiers internationaux, libellé en devises fortes – généralement le dollar américain – pour attirer les investisseurs institutionnels étrangers. En contrepartie de ces financements, l’État émetteur s’engage à rembourser le capital emprunté majoré d’intérêts prédéterminés selon un calendrier d’amortissement strict. Cette opération place la RDC sur la carte des emprunteurs souverains internationaux, une étape cruciale pour son intégration financière mondiale.
Les fondamentaux économiques semblent converger pour rendre cette émission viable. Avec une inflation maîtrisée à 7,8% et une dépréciation modérée du franc congolais (seulement 1,1% sur les sept premiers mois de 2025), le pays affiche une stabilité macroéconomique encourageante. La croissance projetée à 5,3% pour l’année en cours dépasse largement la moyenne régionale, signalant un dynamisme économique soutenu. Ces indicateurs positifs constituent le socle de crédibilité nécessaire pour rassurer les marchés.
La notation souveraine attribuée par les agences spécialisées vient conforter cette position. Standard & Poor’s accorde une note B- tandis que Moody’s maintient une notation B3, toutes deux avec perspectives stables. Bien que classées dans la catégorie des dettes spéculatives – communément appelée « high yield » – ces notations permettent à la RDC d’accéder à un bassin large d’investisseurs internationaux recherchant des rendements attractifs. Le pays rejoint ainsi le cercle des émetteurs souverains africains ayant recours aux marchés financiers globaux.
L’horizon temporel de cette opération s’étend jusqu’au 30 juin 2026, délai within lequel le gouvernement prévoit de finaliser le processus d’émission. L’affectation des fonds répond à une vision développementale claire : accélérer les réformes économiques structurelles, développer des infrastructures d’intérêt national et soutenir une croissance inclusive, diversifiée et durable. Le secteur minier, moteur traditionnel de l’économie congolaise, pourrait bénéficier indirectement de ces investissements en infrastructures de transport et énergétiques.
Cette entrée sur le marché des eurobonds représente bien plus qu’une simple opération de financement. Elle symbolise la maturation économique de la RDC et sa volonté d’utiliser les instruments sophistiqués de la finance internationale pour son développement. Le succès de cette émission pourrait ouvrir la voie à de futures opérations et consolider la position du pays sur la scène financière globale. Reste à voir comment les investisseurs internationaux accueilleront cette première émission congolaise et à quelles conditions.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd