Alors que la rentrée scolaire 2025 approche à grands pas dans les territoires de Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu, une ombre inquiétante plane sur le système éducatif local. Comment les enseignants peuvent-ils assurer une année scolaire réussie lorsqu’ils accumulent plus de six mois d’arriérés de salaire ? Cette question cruciale préoccupe aujourd’hui la communauté éducative de cette région déjà fragilisée par des années de conflits.
La situation devient véritablement critique pour ces éducateurs dévoués qui, malgré leur rôle essentiel dans la formation des générations futures, se retrouvent dans l’impossibilité de subvenir aux besoins fondamentaux de leurs propres familles. Bandu Bauma Exauce, représentant de la Force syndicale des enseignants du Congo (FOSYNAT), ne cache pas son amertume : « Comment pouvons-nous préparer la rentrée scolaire de nos enfants alors que nous-mêmes vivons dans l’incertitude la plus totale ? »
Le mécanisme de gestion des salaires par la Caritas, initialement conçu pour faciliter les paiements dans ces zones difficiles d’accès, montre aujourd’hui ses limites. Seule une minorité d’enseignants de Masisi a perçu partiellement ses dus pour les mois de mars et mai, laissant la majorité des éducateurs de Masisi et Rutshuru dans un dénuement complet. La question des frais de fonctionnement et de la prime de gratuité n’est guère plus reluisante, avec seulement le mois d’avril réglé depuis le début de l’année.
Cette crise des arriérés de salaire des enseignants du Nord-Kivu risque de compromettre sérieusement le bon déroulement de la rentrée scolaire 2025. Comment imaginer que des professeurs préoccupés par leur survie quotidienne puissent se concentrer pleinement sur leur mission éducative ? La motivation s’érode, l’absentéisme menace, et c’est toute la qualité de l’enseignement qui pourrait en pâtir.
La Caritas Rutshuru, organisation chargée de la gestion de ces fonds, se trouve au cœur de cette tempête financière. Les enseignants attendent des explications claires et des solutions concrètes. Les syndicats locaux multiplient les appels pressants au gouvernement provincial et national pour une intervention urgente. Le temps presse, et chaque jour qui passe accentue la détresse de ces éducateurs et compromet un peu plus l’avenir scolaire de milliers d’enfants.
Cette situation illustre une fois de plus les défis structurels auxquels fait face le secteur éducatif en RDC, particulièrement dans les régions en proie à l’insécurité. La crise éducation RDC nécessite des solutions durables et une volonté politique ferme. Alors que le pays aspire à se reconstruire, peut-il se permettre de négliger ceux qui ont pour mission de former ses futurs cadres et citoyens ?
La prochaine rentrée scolaire sonnera-t-elle le glas de l’éducation dans ces territoires ou marquera-t-elle le début d’une prise de conscience salutaire ? La réponse dépendra largement de la rapidité avec laquelle les autorités répondront à cet appel à l’aide légitime. L’éducation étant un pilier fondamental du développement, son affaiblissement dans ces zones ne présagerait rien de bon pour l’avenir de toute la région.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net