Ce vendredi 22 août 2025, le boulevard Nyamwisi à Beni a été le théâtre d’une manifestation Nord-Kivu réprimée violemment par les forces de l’ordre. Dix-neuf militants du mouvement citoyen LUCHA ont été interpellés alors qu’ils tentaient de remettre un mémorandum au gouvernorat pour dénoncer l’insécurité persistante dans la région.
« Nombreux civils sont tués matin, midi et soir. Nous dénonçons ces tueries qui handicapent notre vécu. Aussi, est-il incompréhensible que ces tueries continuent malgré la présence des forces de sécurité dans la région », témoigne Faustion Katabiko, l’un des manifestants, dans une déclaration poignante qui résume le désarroi des populations locales.
La scène était chaotique : des jeunes brandissant drapeaux et calicots ont été encerclés par des policiers qui n’ont pas hésité à utiliser des bombes lacrymogènes et même des armes létales pour disperser la foule. Comment en est-on arrivé à une telle escalade de violence contre des citoyens qui expriment pacifiquement leur détresse ?
Les militants interpellés Beni dénonçaient specifically les tueries ADF Beni et dans les territoires voisins de Lubero, Mambasa et Irumu. Ces deux dernières semaines ont été particulièrement sanglantes avec des dizaines de civils tués dans des attaques attribuées aux combattants ADF à Bapere, Oïcha, Mayimoya et Lese.
La réponse des autorités contraste cruellement avec l’urgence sécuritaire. Nasson Murara, porte-parole de la police à Beni, justifie cette police réprime manifestation RDC par le non-respect d’une interdiction préalable édictée par le maire de la ville : « Ceux qui sont interpellés sont au nombre de 19. Ils se sont rebellés contre la décision de l’autorité urbaine. Pour l’instant, ils sont en train d’être auditionnés ».
Cette LUCHA Beni arrestation pose des questions fondamentales sur l’espace démocratique dans la région. Jusqu’où peut-on aller dans la restriction des libertés publiques au nom de l’ordre public ? La réponse sécuritaire est-elle la seule solution face à la détresse des populations ?
Derrière ces interpellations, c’est tout le drame du Nord-Kivu qui se dessine : une population prise en étau entre les violences des groupes armés et la répression des manifestations légitimes. Les familles des victimes attendent toujours une protection efficace pendant que ceux qui osent élever la voix sont réduits au silence.
La situation à Beni symbolise le paradoxe congolais : une région riche en ressources mais pauvre en sécurité, où ceux qui dénoncent les injustices deviennent eux-mêmes des cibles. Quand la protection des citoyens passera-t-elle avant la répression de leurs voix ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd