Le gouvernement congolais persiste et signe. Dans un communiqué officiel publié ce dimanche 18 août 2025, Kinshasa réaffirme son engagement irréversible en faveur du dialogue avec le mouvement AFC/M23, conformément à la déclaration de principes scellée à Doha le 19 juillet dernier. Une position ferme qui contraste pourtant avec les atermoiements observés sur le terrain diplomatique.
La reprise des pourparlers sous facilitation qatarie représente-t-elle une véritable avancée ou simplement un nouvel épisode dans le feuilleton des négociations de paix? Le gouvernement congolais, par la voix de ses représentants, exprime sa «profonde gratitude» envers l’État du Qatar, dont la médiation qualifiée de «discrète mais efficace» demeure essentielle à l’aboutissement du processus paix Qatar. Des remerciements qui sonnent comme un appel à poursuivre les efforts alors que les blocages persistent.
Fidèle à sa volonté affichée de préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale, Kinshasa se dit déterminé à aborder ces discussions avec la ferme intention de mettre un terme définitif aux violences armées dans l’Est du pays. Une déclaration d’intention noble qui bute cependant sur la réalité des faits : les pourparlers Doha prévus le 8 août dernier n’ont pu se tenir, aucune des deux délégations ne s’étant déplacée.
Le cœur du différend réside dans l’épineuse question des prisonniers. Le M23 conditionne sa participation à la libération de 700 de ses membres, tandis que le gouvernement congolais, bien qu’ayant confirmé son engagement, n’a concrétisé aucun geste en ce sens. La Déclaration de principes signée à Doha prévoyait pourtant la mise en œuvre des mesures de confiance, incluant les libérations, au plus tard le 29 juillet. Le calendrier initial prévoyait l’ouverture des pourparlers le 8 août et la signature d’un accord paix est Congo global le 17 août. Des échéances manifestement non respectées.
Un responsable qatari impliqué dans le processus révèle que «des efforts significatifs ont été déployés», incluant la préparation et le partage d’un projet d’accord de paix avec les deux parties. Doha accueille actuellement une importante session de négociations visant à suivre la mise en œuvre de la Déclaration et à finaliser cet accord. La médiation internationale RDC reste active, le Qatar affirmant maintenir «un contact permanent avec ses partenaires de confiance, en particulier l’Union africaine et les États-Unis».
Dans l’ombre de ces discussions, la situation sécuritaire et humanitaire continue de se dégrader à l’Est du pays, avec des violations répétées du cessez-le-feu. Les populations civiles paient le prix fort de ces atermoiements diplomatiques, alors que la communauté internationale appelle les parties à honorer leurs engagements.
Le dialogue RDC M23 pourra-t-il surmonter ces obstacles? La détermination affichée par Kinshasa suffira-t-elle à débloquer une situation où chaque camp semble attendre que l’autre fasse le premier pas? La crédibilité du processus de paix se joue dans sa capacité à transformer les déclarations d’intention en actions concrètes. Le gouvernement congolais joue sa légitimité dans cette négociation, dont l’échec pourrait fragiliser durablement sa position tant sur le plan national qu’international.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd