Dans la cité de Sake, au cœur du territoire de Masisi, un silence lourd de douleur a remplacé les rires d’enfants. Ce jeudi 21 août, deux fillettes d’à peine huit ans ont été fauchées par l’explosion d’une grenade abandonnée, un drame qui souligne une fois de plus l’urgence du déminage dans cette région meurtrie par des années de conflits.
Comment en est-on arrivé là ? Trois enfants jouaient insouciants dans un stade de football de fortune à Mubambiro lorsqu’ils ont découvert l’engin mortel. Leur curiosité innocente et leur méconnaissance du danger ont transformé un moment de jeu en cauchemar. Pensant avoir trouvé du métal à revendre à des ferrailleurs, ils ont manipulé la grenade sans se douter qu’elle pouvait encore tuer.
L’explosion a été violente, brutale. Les trois enfants ont été grièvement blessés, leurs corps déchirés par les éclats. Transportés d’urgence vers les structures médicales de Goma, les deux fillettes n’ont pas survécu à leurs blessures. La troisième victime, une petite fille de trois ans, lutte encore pour sa vie dans un hôpital de la région.
Ce tragique événement n’est malheureusement pas un cas isolé. Les habitants de Kamuronza vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête depuis des années. « C’est le quatrième accident de ce type dans notre zone », confie un habitant sous couvert d’anonymat. « Nos enfants jouent sur une poudrière sans même le savoir. »
La question qui brûle toutes les lèvres : pourquoi ces restes explosifs de guerre ne sont-ils toujours pas neutralisés ? Les conflits armés ont laissé derrière eux un héritage mortel : grenades, mines et autres munitions non explosées parsèment les champs, les routes et même les terrains de jeu. Chaque jour, des civils, souvent des enfants, risquent leur vie en vaquant à leurs occupations quotidiennes.
Les organisations locales tirent la sonnette d’alarme depuis des mois. La Synergie pour la lutte anti-mines (SYLAM) ne cesse d’alerter sur les dangers posés par ces engins mortels dans le Nord-Kivu. Leur message est clair : sans opérations de déminage immédiates et coordonnées, d’autres drames sont inévitables.
Mais face à l’ampleur du problème et aux moyens limités, les progrès sont lents. Trop lents au goût des populations locales qui voient leurs enfants mourir dans des accidents qui pourraient être évités. Le déminage dans la région de Sake et ses environs n’est plus une option, c’est une nécessité absolue.
Ce drame soulève des questions cruciales sur la protection des civils en période post-conflit. Jusqu’à quand devront-ils vivre avec la menace invisible des restes explosifs de guerre ? Combien d’enfants devront encore perdre la vie avant que des actions concrètes ne soient entreprises ?
La tragédie de Sake doit servir de électrochoc. Elle rappelle cruellement que même lorsque les armes se taisent, la guerre continue de tuer. Alors que les deux fillettes sont enterrées dans la douleur et la colère, toute la communauté espère que leur mort ne sera pas vaine et qu’elle permettra enfin de sécuriser ces terres meurtries.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net