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Rapatriement réfugiés RDC-Rwanda: Judith Suminwa impose ses conditions au HCR

Dans les coulisses feutrées de la TICAD9 à Yokohama, un dialogue diplomatique aux enjeux capitaux pour la stabilité régionale se jouait discrètement. La Première Ministre congolaise Judith Suminwa Tuluka, dans un face-à-face avec Raouf Mazou du HCR, a posé les conditions d’un rapatriement des réfugiés qui pourrait bien devenir le baromètre des avancées réelles dans le conflit opposant Kinshasa à Kigali.

Le sujet, qualifié de « sensible » par la Primature, touche au cœur des tensions historiques entre les deux nations : le sort de 135 000 Congolais réfugiés au Rwanda et de 132 000 Rwandais installés en RDC depuis des décennies. Des chiffres qui, derrière leur froideur statistique, représentent un quart de million de vies suspendues aux aléas géopolitiques.

Judith Suminwa, dans une position ferme mais pragmatique, a insisté sur la nécessité d’un processus « rigoureusement encadré » par le HCR. Une exigence qui sonne comme un avertissement : Kinshasa ne veut pas d’un rapatriement précipité qui pourrait servir des agendas politiques ou, pire, réintroduire des éléments destabilisateurs dans l’Est déjà fragilisé du pays. La Cheffe du gouvernement congolais a-t-elle appris des erreurs passées où des processus similaires ont été détournés ?

De son côté, Raouf Mazou a salué les « efforts de paix en cours », évoquant la tripartite d’Addis-Abeba du mois dernier comme un cadre prometteur. Mais entre les déclarations optimistes et la réalité du terrain, le fossé reste immense. Le Haut-Commissaire adjoint a rappelé le mantra du HCR : « rapatriements volontaires, dans la dignité et la sécurité ». Des principes nobles, mais dont l’application concrète dans une région minée par la méfiance mutuelle relève presque de la gageure.

Cet échange intervient dans un contexte diplomatique complexe, où s’entremêlent l’accord de Washington entre Kinshasa et Kigali, la déclaration de principes avec le M23, et maintenant cette tripartite sous l’égide des Nations unies. La question des réfugiés devient ainsi le révélateur de la sincérité des engagements de paix. Peut-on véritablement croire à une normalisation alors que des dizaines de milliers de citoyens restent otages de ces tensions ?

La ministre des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba, lors d’un récent briefing, a souligné l’urgence de créer « des conditions propices » au retour. Mais derrière cette formule diplomatique se cachent des défis opérationnels colossaux : identification des réfugiés, garanties de sécurité, réinsertion économique, et surtout, assurance que ces mouvements de population ne serviront pas des calculs géostratégiques.

Le processus de rapatriement des réfugiés congolais du Rwanda et rwandais de RDC pourrait-il devenir la pierre angulaire d’une paix durable dans les Grands Lacs ? Ou n’est-il qu’un élément de plus dans le théâtre diplomatique où chaque acteur joue sa partition sans véritable volonté de changement ? La réponse se trouvera moins dans les déclarations de Yokohama que dans la mise en œuvre concrète sur le terrain dans les prochains mois.

Alors que Judith Suminwa a également évoqué la situation des réfugiés congolais au Burundi, élargissant ainsi le spectre des préoccupations régionales, une question persiste : le HCR disposera-t-il des moyens et du mandat nécessaire pour résister aux pressions politiques et garantir un processus véritablement neutre et axé sur la protection des populations ?

Le rapatriement des réfugiés dans la région des Grands Lacs représente plus qu’une opération humanitaire : c’est un test crucial pour la crédibilité des processus de paix en cours et pour la capacité des acteurs régionaux à dépasser leurs rivalités historiques au profit de la stabilité et de la dignité humaine.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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