Après trois mois d’intervention médicale intensive dans la localité de Nyamitaba, au cœur du territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu, Médecins Sans Frontières (MSF) a mis un terme à sa mission d’urgence. Cette décision intervient suite à une évaluation initiale alarmante réalisée en mai dernier, qui avait révélé des conditions sanitaires critiques dans cette zone longtemps négligée par l’aide humanitaire.
L’organisation médicale internationale s’était fixé comme objectif principal de garantir un accès gratuit aux soins de santé pour les populations vulnérables, notamment les personnes déplacées de Goma revenues à Nyamitaba après le démantèlement des camps en février 2025. Mais comment fonctionne concrètement une telle mission humanitaire ? Imaginez une course contre la montre où chaque consultation peut sauver des vies dans un contexte où les structures sanitaires locales peinent à répondre aux besoins essentiels.
MSF Nord-Kivu a particulièrement ciblé deux groupes vulnérables : les enfants de moins de 15 ans et les survivantes de violences sexuelles. Ces choix ne sont pas anodins – dans une région marquée par les conflits, les enfants représentent l’avenir tandis que les violences sexuelles restent une arme de guerre trop fréquente. L’approche adoptée combine soins médicaux et soutien psychologique, une combinaison essentielle pour une guérison complète.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5 500 consultations externes réalisées, 474 enfants malnutris pris en charge, et 352 survivantes de violences sexuelles ayant bénéficié de soins complets. Ces résultats démontrent l’impact tangible d’une intervention humanitaire bien ciblée. Pour les cas les plus complexes, un système de référencement vers l’hôpital général de Mweso a été mis en place, assurant ainsi une continuité des soins vitale.
Pourtant, malgré ces avancées significatives, la situation sanitaire à Nyamitaba reste précaire. Le retour massif des populations après la fermeture des camps de déplacés a créé des besoins humanitaires persistants. Les conditions de vie demeurent précaires et l’accès aux soins de santé continue de poser problème. La mission MSF Nord-Kivu a certes apporté une bouffée d’oxygène temporaire, mais les défis structurels persistent.
La réduction de la demande en soins, consécutive au démantèlement des camps autour de Nyamitaba, a permis à MSF de justifier la fin de cette intervention d’urgence. Cependant, l’organisation reste vigilante et se dit prête à réintervenir si la situation venait à se détériorer. Cette approche reflète la complexité des interventions humanitaires en RDC, où la stabilité peut être aussi fragile que l’équilibre sanitaire des populations.
Que retenir de cette mission MSF dans le Masisi ? D’abord, l’importance cruciale d’une réponse médicale rapide face aux crises humanitaires. Ensuite, la nécessité de cibler les plus vulnérables, notamment les enfants et les survivantes de violences sexuelles. Enfin, la reconnaissance que le travail humanitaire ne s’arrête pas avec le départ des équipes – le renforcement des capacités locales et la surveillance continue sont tout aussi importants.
Alors que MSF quitte Nyamitaba, une question demeure : comment assurer la pérennité des avancées sanitaires réalisées ? La réponse implique une coordination renforcée entre acteurs humanitaires, autorités locales et communautés pour transformer l’urgence en développement durable. Car au-delà des soins immédiats, c’est la construction d’un système de santé résilient qui importe véritablement pour les populations du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
