Dans la zone de santé de Biena, territoire de Lubero au Nord-Kivu, une crise ambulance silencieuse met en péril des vies humaines quotidiennement. L’hôpital général de référence de Mambowa, structure sanitaire vitale pour des milliers de personnes, fonctionne sans ambulance depuis février 2025, contraignant les patients à des évacuations périlleuses vers Butembo ou Beni.
Le docteur Thembo Kipisa Dimitrio, médecin directeur de l’établissement, décrit une situation « vraiment très compliquée » où les transferts médicaux s’improvisent dans des véhicules de transport en commun, sur des motos ou dans des voitures non adaptées. « Cela peut entraîner des décès en cours de route », alerte-t-il, évoquant le récent décès d’un nourrisson dont la mère n’a pu être évacuée à temps.
Une ambulance cruciale mise hors service
L’unique ambulance de l’hôpital, offerte en 2023 par le député national Julien Paluku Kahongya, a été gravement endommagée lors d’un transfert de six victimes des massacres attribués aux ADF. L’accident est survenu sur le tronçon Butembo-Beni, zone particulièrement dangereuse en raison de l’activité des groupes armés. Aujourd’hui, plus de 3 500 USD sont nécessaires pour remettre en état ce véhicule essentiel.
Comment une région en proie à des conflits récurrents peut-elle faire face aux urgences médicales sans moyen de transport adapté ? La question se pose avec acuité alors que la zone de santé de Biena connaît une recrudescence des attaques depuis juin 2024. L’ambulance jouait précédemment un rôle crucial en évacuant les blessés des lieux de massacres vers les structures de prise en charge, notamment avec l’appui du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Des conséquences dramatiques sur la prise en charge
L’absence d’ambulance engendre deux problèmes majeurs : des conditions de transport indignes et des retards critiques dans la prise en charge. « Parfois, nous devons sélectionner les cas qui nécessitent une évacuation urgente, mais sans ambulance, cette prise en charge est retardée », explique le docteur Thembo. Les appels au CICR se heurtent souvent à la même réponse : chercher une ambulance sur place, option impossible dans ce contexte.
Cette urgence médicale Lubero n’est malheureusement pas un cas isolé. D’autres zones de santé comme Lubero et Mangurijipa connaissent des difficultés similaires, affectant une population totale dépassant 400 000 habitants. La gestion des urgences dans ces régions devient un défi quotidien, avec des ressources notoirement insuffisantes.
Un appel pressant aux autorités et partenaires
Face à cette santé zone conflit RDC précaire, le médecin directeur de l’hôpital de Mambowa lance un appel pressant aux autorités congolaises, aux partenaires de santé et aux personnes de bonne volonté. La réparation de l’ambulance représenterait une bouée de sauvetage pour une population déjà éprouvée par l’insécurité et l’enclavement.
La situation actuelle illustre tragiquement le cercle vicieux entre conflit armé et dégradation des services de santé. Sans solution rapide, l’évacuation malades Biena continuera de se faire dans des conditions inacceptables, avec son cortège de risques et de drames évitables. La communauté internationale et les acteurs locaux de la santé doivent urgemment se mobiliser pour éviter que cette crise humanitaire ne s’aggrave davantage.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd