Dans un développement aussi inattendu qu’explosif, l’arbitrage israélien de 2024 a levé le voile sur des pratiques opaques qui minent l’économie congolaise depuis deux décennies. Dan Gertler, figure controversée du secteur minier, a reconnu pour la première fois avoir effectué des paiements à un proche conseiller de l’ancien président Joseph Kabila. Cette révélation, tombant de sa propre bouche, confirme les allégations persistantes de la société civile congolaise.
Le secteur minier congolais, véritable colonne vertébrale économique du pays, représente-t-il une malédiction plutôt qu’une bénédiction? Les chiffres parlent d’eux-mêmes: entre 2010 et 2020, près de 5 milliards de dollars de revenus miniers auraient échappé aux caisses de l’État selon les estimations des organisations de transparency. Cette hémorragie financière prive le Congo de précieuses ressources pour le développement infrastructurel et social.
L’arbitrage israélien met en lumière les mécanismes complexes de cette évasion organisée. Les paiements révélés par Gertler s’inscrivent dans un système où l’accès aux ressources minières du Congo semble conditionné à des arrangements opaques plutôt qu’à des processus transparents. Comment expliquer autrement que des actifs miniers d’une valeur marchande de plusieurs milliards aient pu être cédés pour une fraction de leur prix réel?
Les conséquences économiques de ces pratiques sont profondément destructrices. Chaque contrat opacifié, chaque mine sous-évaluée, chaque redevance non perçue représente autant de routes non construites, d’écoles non financées et d’hôpitaux sous-équipés. Le manque à gagner pour les finances publiques congolaises se compte en milliers de postes de santé, en centaines d’écoles et en dizaines d’infrastructures vitales pour la population.
La révélation de cet arbitrage mining intervient à un moment crucial pour la gouvernance des ressources naturelles en RDC. Alors que le pays cherche à maximiser les retombées de son immense potentiel minier, ces aveux soulignent l’urgence d’une réforme en profondeur du secteur. La corruption, comme un cancer, ronge les fondements mêmes du développement économique national.
Qui sont les véritables bénéficiaires de ce système? Les populations congolaises, assises sur une richesse minière colossale, continuent de figurer parmi les plus pauvres du continent. Le paradoxe est cruel : un pays doté de ressources capable de financer son développement plusieurs fois over se retrouve prisonnier de mécanismes d’appauvrissement structurel.
L’impact de ces révélations dépasse le cadre strictement congolais. Les partenaires internationaux, les investisseurs et les institutions financières ne peuvent ignorer ces pratiques qui faussent les règles du marché et découragent les investissements transparents. La crédibilité du secteur minier congolais, essentielle pour attirer les capitaux nécessaires à son développement, en sort durablement affectée.
La question centrale demeure: comment transformer cette malédiction des ressources en opportunité réelle de développement? La réponse passe nécessairement par un renforcement drastique de la gouvernance, une transparence absolue dans l’attribution des concessions et une traçabilité irréprochable des flux financiers. Les récentes révélations de l’arbitrage Gertler sonnent comme un avertissement sévère mais aussi comme une opportunité de changement radical.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
