Après trois longues années d’attente et de prières, les fidèles de l’Église évangélique libre d’Afrique (EELDA) peuvent enfin pénétrer à nouveau dans leur lieu de culte emblématique de Mbuji-Mayi. Une atmosphère de soulagement mêlée de prudence plane sur l’avenue Inga, où la paroisse centrale a rouvert ses portes. Comment une simple querelle interne a-t-elle pu priver une communauté entière de son sanctuaire spirituel ?
Le cœur de la communauté bat à nouveau dans la commune de la Kanshi. Mercredi et dimanche derniers, les chants religieux ont une nouvelle fois résonné sous la voûte du temple, marquant la reprise progressive des cultes religieux en RDC pour cette institution majeure. Mais derrière cette apparente normalité, les cicatrices du conflit demeurent visibles. La présence policière aux abords de l’édifice religieux rappelle que la paix reste fragile.
Retour sur un conflit qui a déchiré la communauté. En juillet 2022, le gouverneur honoraire Patrick Mathias Kabeya avait pris la décision radicale de sceller la paroisse, suite à des affrontements entre fidèles. Le motif ? Un conflit interne lié à la déchéance du représentant légal, accusé par l’assemblée générale d’avoir violé le règlement intérieur. Des troubles à l’ordre public avaient éclaté dans plusieurs paroisses, montrant à quel point la situation avait dégénéré.
La décision de la cour d’appel du 11 août dernier a finalement mis fin à cette longue période de fermeture. Mais peut-on vraiment tourner la page si facilement ? Les divisions au sein de la paroisse évangélique ont laissé des marques profondes dans cette communauté religieuse pourtant réputée pour sa ferveur et son influence.
L’EELDA n’est pas une institution comme les autres au Kasaï-Oriental. Avec plus de 100 paroisses rien que dans la ville de Mbuji-Mayi, son rayonnement dépasse largement les frontières de la province. Ses pèlerinages annuels attirent des fidèles de tout le pays et même de l’étranger, faisant de cette église un pilier de la vie spirituelle et sociale de la région.
La réouverture de la paroisse centrale de Mbuji-Mayi symbolise bien plus qu’un simple retour à la normale. Elle représente l’espoir d’une réconciliation durable, la possibilité de renouer avec la paix et la spiritualité qui fondent l’identité de cette communauté. Mais le chemin vers une guérison complète sera long, et nécessitera plus qu’une simple décision de justice.
Quelles leçons tirer de cette crise qui a frappé l’une des institutions religieuses les plus importantes de la région ? L’épisode soulève des questions fondamentales sur la gouvernance des églises, la gestion des conflits internes et l’équilibre délicat entre autorité religieuse et pouvoir civil. La vigilance des autorités et la maturité des fidèles seront cruciales pour éviter de nouveaux déchirements.
Alors que les cultes reprennent progressivement, c’est toute une communauté qui retrouve peu à peu ses repères. La route vers une pacification complète reste semée d’embûches, mais le simple fait de pouvoir à nouveau prier ensemble dans ce lieu sacré constitue déjà une victoire significative pour les fidèles de l’EELDA au Kasaï-Oriental.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net