Le pont Lovoy, artère vitale du trafic entre Lubumbashi et Kamina, subit une paralysie complète depuis plusieurs jours. Cet ouvrage construit vers les années 1950, véritable témoin de l’histoire infrastructurelle de la RDC, montre aujourd’hui des signes de fatigue extrême, obligeant les autorités à prendre des mesures drastiques pour éviter une catastrophe humaine et économique.
Comment un simple pont métallique peut-il mettre à genoux toute une région économique? La réponse réside dans sa position stratégique sur la route nationale numéro 1, principal axe de desserte du Haut-Katanga et du Haut-Lomami. Des centaines de camions poids lourds, transportant des marchandises essentielles, empruntaient quotidiennement cette structure devenue inadaptée aux exigences du transport moderne.
Le ministre provincial des Infrastructures du Haut-Lomami, Venance Mutombo, a tiré la sonnette d’alarme en ordonnant la suspension immédiate de la circulation. «La sécurité des personnes et des biens prime sur toute considération économique», a-t-il déclaré, annonçant simultanément un projet ambitieux de remplacement du pont métallique défectueux par un ouvrage en béton armé moderne.
Les conséquences économiques sont déjà palpables. Deta Kalemga, coordinateur de la société civile de Kamina, alerte sur le blocage de dizaines de camions chargés de diverses marchandises en provenance de Lubumbashi et Kolwezi. Cette interruption du flux commercial risque de provoquer une pénurie de produits essentiels sur les marchés locaux, affectant directement le pouvoir d’achat des populations.
La situation humaine devient préoccupante. Des chauffeurs et voyageurs, pris au piège de cette rupture infrastructurelle, se retrouvent contraints de passer la nuit à la belle étoile, faute d’infrastructures d’accueil adaptées. Cette crise met en lumière la vulnérabilité du réseau routier congolais face aux aléas climatiques et à l’usure du temps.
La réhabilitation du pont Lovoy s’inscrit dans une problématique plus large de modernisation des infrastructures de transport en RDC. Le gouvernement provincial promet des travaux urgents, mais la question du financement et des délais d’exécution reste entière. Combien de temps faudra-t-il aux populations et aux opérateurs économiques pour retrouver une circulation fluide?
Cette crise du pont Lovoy soulève des interrogations fondamentales sur l’état réel des infrastructures nationales. Si la route nationale 1 représente la colonne vertébrale économique de la région, sa fragilité expose cruellement les limites du système de maintenance et de modernisation des ouvrages d’art.
Les experts en infrastructure appellent à une approche globale qui dépasse la simple réparation ponctuelle. La transformation du réseau routier congolais nécessite des investissements massifs et une planification stratégique à long terme. Le cas du pont Lovoy servira-t-il de catalyseur pour une véritable politique nationale de rénovation infrastructurelle?
Alors que les travaux de réhabilitation s’annoncent complexes, les autorités devront trouver des solutions transitoires pour minimiser l’impact économique. La route de contournement mentionnée par le ministre provincial représente une bouée de sauvetage, mais son état actuel nécessite également des travaux de réfection urgents.
Cette situation critique du pont Lovoy à Kamina révèle une vérité économique implacable : sans infrastructures dignes de ce nom, aucun développement durable n’est possible. La RDC parviendra-t-elle à transformer cette crise en opportunité pour moderniser l’ensemble de son réseau routier?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
