Entre lumières tamisées des écrans et murmures numériques, la photographie congolaise célèbre son indéniable pouvoir fédérateur. Ce mardi 19 août, alors que le monde entier honore l’art de l’image fixe, une initiative audacieuse transcende les frontières physiques pour se déployer dans l’infini virtuel. L’artiste photographe Anastasie Langu, figure emblématique de la scène créative congolaise, orchestre avec maestria la quatrième édition de son événement phare « Solola Foto », transformant les contraintes sanitaires en opportunité innovante.
Contrairement aux éditions précédentes qui résonnaient dans l’effervescence kinsoise, cette manifestation adopte une dimension résolument cosmopolite. Le live Instagram prévu à 18h, heure de Kinshasa, devient le carrefour où se croisent les regards de Moses Sawasawa, Stéphanie Bujiriri, Pierrot Kekele et autres virtuoses de l’objectif. Le thème « La photographie, un lien social et temporel indestructible » ne pouvait mieux tomber à l’heure où les distances s’allongent mais où les connexions se renforcent.
Comment une simple image peut-elle defier l’érosion du temps ? Quelle alchimie transforme le papier glacé en pont entre les générations ? Ces interrogations traverseront les échanges, dessinant une cartographie sensible des mémoires visuelles congolaises. L’organisation Anas Vision, active depuis 2016, prouve une fois encore son engagement indéfectible pour l’émergence photographique en RDC. Masterclass, ateliers, festivals : autant de maillons qui tissent une chaîne de transmission précieuse.
Après les discussions, l’expérience se prolonge dans une exposition virtuelle immersive accessible sur artspaces.kunstmatrix.com jusqu’au 31 août. Cet espace numérique devient le sanctuaire où chaque cliché raconte une histoire, où chaque regard se transforme en mémoire collective. La photographie congolaise, souvent reléguée aux marges des grands circuits internationaux, affirme ici sa vitalité et sa profondeur narrative.
Dans un pays où l’oralité traditionnelle rencontre brutalement la révolution numérique, « Solola Foto » incarne cette synthèse féconde. Les photographes congolais d’Instagram deviennent les griots modernes, archivistes des beautés fugaces et des réalités tues. Leurs images, loin d’être de simples captures, deviennent des actes de résistance poétique contre l’oubli et l’uniformisation.
Cette journée mondiale de la photographie en RDC révèle ainsi une scène en pleine mutation, où le virtuel n’annihile pas le lien humain mais le réinvente. Les ombres et lumières dansent désormais sur les écrans, mais l’émotion qui en jaillit reste profondément charnelle, authentiquement congolaise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd