Le gouvernement Suminwa II a ouvert officiellement son chapitre politique ce vendredi 15 août, lors d’une première réunion du Conseil des ministres chargée de symboles et d’injonctions fortes. Dans ce cadre solennel, le Président Félix Tshisekedi a tracé une ligne rouge devant son équipe gouvernementale : solidarité, responsabilité et efficacité doivent désormais incarner l’ADN de l’exécutif congolais. « Le gouvernement connaît les attentes du peuple. Il doit produire des résultats visibles et tangibles », a-t-il martelé, selon la retransmission officielle de Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. Un impératif qui résonne comme un avertissement dans un contexte socio-économique tendu.
Le chef de l’État a structuré sa feuille de route autour de trois piliers constitutionnels intangibles : le respect scrupuleux de la loi fondamentale, une gestion orthodoxe des ressources nationales, et l’alignement permanent sur les aspirations citoyennes. Priorité absolue ? La stabilisation macro-économique, combinée à une discipline budgétaire non négociable. « Évaluer les réformes existantes, les améliorer ou en initier de nouvelles » devient l’impératif catégorique, particulièrement dans les secteurs névralgiques que sont la sécurité, les transports, l’éducation et la modernisation administrative. Quelle efficacité réelle pourra émerger de ce cadrage ambitieux ?
Félix Tshisekedi a également réglé les pendules institutionnelles, enjoignant aux ministres flanqués de vice-ministres de garantir une « gouvernance fluide et cohérente » par le strict respect des attributions. Un appel à l’ordre hiérarchique qui interroge sur les risques de conflits de prérogatives au sein de cette nouvelle architecture gouvernementale.
Dans un mouvement complémentaire, la Première ministre Judith Suminwa a brandi l’étendard de la redevabilité comme colonne vertébrale de l’action ministérielle. Exigeant une communication maîtrisée et la confidentialité des délibérations, elle a annoncé un dispositif inédit : l’instauration de mécanismes d’évaluation périodique des réalisations, calées sur des feuilles de route « claires et mesurables ». Une approche technocratique qui pourrait s’avérer un couteau à double tranchant pour les ministres récalcitrants.
Cette double pression – présidentielle et primatoriale – s’accompagne d’une initiative concrète : l’organisation prochaine d’un séminaire gouvernemental visant à souder l’équipe et à harmoniser les méthodes de travail. Si l’intention affichée est de renforcer la cohésion, cette démarche révèle aussi les fragilités potentielles d’un exécutif encore en rodage.
Ce premier Conseil des ministres dessine ainsi les contours d’une gouvernance sous tension, où les promesses de réformes politiques au Congo devront rapidement se heurter à l’épreuve des réalisations concrètes. La mise en œuvre des réformes structurelles annoncées constituera le premier test de crédibilité pour ce gouvernement Suminwa II, dont les ambitions affichées devront surmonter l’inertie bureaucratique et les résistances systémiques. Le discours de Tshisekedi a posé un cap, la méthode Suminwa en définit les contraintes : l’alchimie entre ces deux volontés déterminera si cette nouvelle équipe parviendra à incarner la rupture tant attendue.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
