Une crise monétaire silencieuse frappe Goma, où des billets endommagés de 500 et 1000 francs congolais circulent abondamment, créant des perturbations commerciales majeures dans cette ville du Nord-Kivu. Ces coupures, souvent déchirées ou excessivement usées, sont devenues un véritable frein aux transactions quotidiennes, transformant chaque échange en parcours du combattant pour les habitants.
Le phénomène prend des proportions inquiétantes : selon plusieurs témoignages recueillis, près de 30% des billets en circulation dans certains quartiers seraient dans un état inacceptable. Cette situation engendre des tensions palpables sur les marchés, où les commerçants refusent systématiquement ces francs congolais détériorés, déclenchant des conflits qui dépassent la simple transaction économique pour toucher à la cohésion sociale.
« Je suis piégée avec ces billets », confie Françoise, une habitante dont le témoignage illustre la détresse des Gomatraciens. Après avoir envoyé son fils acheter du sucre avec un billet de 500 FC, elle s’est vue remettre en monnaie des coupures inutilisables. « Refiler ce problème à d’autres me répugne, mais comment survivre sans liquidités valables ? » Cette interrogation rhétorique résume le dilemme quotidien de milliers de personnes.
Les chauffeurs de taxi subissent également de plein fouet cette perturbation commerce Nord-Kivu. « Certains passagers profitent du trajet effectué pour me tendre des billets abîmés en prétendant n’avoir rien d’autre », déplore un conducteur. Contraint d’accepter ces coupures sans valeur commerciale, il voit son revenu quotidien s’évaporer comme une monnaie fantôme.
Cette crise monétaire Nord-Kivu trouve son catalyseur dans la fermeture depuis fin janvier de la Banque centrale et des établissements bancaires commerciaux. Privés de guichets pour échanger ou déposer les billets détériorés, les habitants se sentent abandonnés par les institutions financières. Comment expliquer cette accumulation de coupures hors d’usage ? Les experts pointent du doigt la rupture des circuits de retrait d’espèces et l’impossibilité de recycler les billets trop usagés.
Les conséquences économiques sont tangibles : ralentissement des échanges commerciaux, méfiance accrue entre vendeurs et acheteurs, et apparition d’un marché parallèle où la décote des billets abîmés peut atteindre 50% de leur valeur nominale. Cette dépréciation forcée agit comme une taxe invisible sur les ménages les plus vulnérables.
À l’heure actuelle, aucune solution institutionnelle ne se profile à l’horizon pour résoudre cette paralysie transactionnelle. La fermeture banques Goma prolongée risque de transformer cette crise de liquidités en faillite de confiance durable dans le système monétaire local. Sans intervention rapide, c’est toute l’économie informelle – vitale pour la région – qui pourrait suffoquer sous le poids de ces billets devenus symboles d’un système financier à bout de souffle.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net