Des trombes d’eau se sont abattues comme une malédiction sur la chefferie de Djukoth. Ces derniers jours, des pluies diluviennes accompagnées de vents déchaînés ont transformé des centaines d’hectares de terres fertiles en paysages de désolation. Dans ce territoire de Mahagi, à 185 km au nord de Bunia, la nature s’est montrée impitoyable : manioc, maïs, pommes de terre et café gisent aujourd’hui sous la boue, cicatrices béantes d’une agriculture ravagée au Congo.
Le groupement de Pamitu Amée, cœur nourricier de la région, présente désormais un visage meurtri. Les paysans, venus des villages alentour pour cultiver ces terres généreuses, contemplent avec effroi l’étendue du désastre. “Nos champs ressemblent à un champ de bataille”, confie l’un d’eux, les mains tremblantes de colère impuissante. Les légumineuses arrachées, les plants de canne à sucre brisés net, les patates douces pourrissant sous les décombres végétaux : chaque parcelle raconte l’histoire d’une saison sacrifiée.
Ces intempéries à Mahagi frappent au plus mauvais moment. La région, déjà étranglée par une insécurité chronique, voit aujourd’hui ses fragiles équilibres voler en éclats. Plusieurs centaines d’agriculteurs se retrouvent brutalement privés de leurs seuls moyens de subsistance. Comment survivront-ils demain ? La question hante chaque famille de Djukoth tandis que s’annonce une crise alimentaire aux contours effrayants.
Le spectre de la faim s’étend comme une ombre menaçante sur cette partie de l’Ituri. La destruction des cultures vivrières prive la population de sa base nutritionnelle essentielle. Pis encore, cette catastrophe aggrave le sort des milliers de personnes déplacées qui avaient trouvé refuge dans cette zone agricole. Leur précarité, déjà extrême, bascule dans l’insoutenable. “Sans aide immédiate, nous allons droit vers une catastrophe humanitaire”, alerte un notable local, la voix nouée d’angoisse.
Face à l’ampleur des dégâts, les paysans de Djukoth lancent un cri d’alarme vers Kinshasa. Leur appel est clair : une intervention urgente du gouvernement congolais s’impose pour relancer l’activité agricole. Semences, outils, soutien technique – chaque jour perdu enfonce un peu plus cette communauté dans le désespoir. La résilience des populations est mise à rude épreuve par ces pluies diluviennes en RDC qui rappellent cruellement la vulnérabilité du monde paysan face aux caprices du climat.
Cette tragédie silencieuse dans le nord-est du Congo révèle une vérité crue : lorsque l’agriculture s’effondre, c’est toute la chaîne de survie qui se rompt. Les greniers vides de Djukoth annoncent-ils des lendemains encore plus sombres pour l’Ituri ? La réponse dépendra de la célérité avec laquelle les autorités répondront à cette urgence. Une course contre la montre est engagée pour éviter que la faim ne vienne compléter l’œuvre destructrice des éléments déchaînés.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net