Une situation sanitaire alarmante secoue Mbanza-Ngungu où la morgue de l’hôpital général de Nsona Nkulu affiche un taux de saturation critique. Construite en 2008 pour une trentaine de dépouilles, cette structure en héberge désormais 158, dépassant plus de cinq fois sa capacité initiale. Face à cette urgence, l’administrateur du territoire Willy Makumbani a décrété un ultimatum de dix jours aux familles, exigeant la récupération des corps non réclamés sous peine de les voir inhumés comme indigents.
Quels risques cette surcharge extrême engendre-t-elle ? L’entassement des corps dans un espace exigu a provoqué la défaillance du système de réfrigération. Les dépouilles superposées commencent à se décomposer, créant un environnement propice à la prolifération de bactéries et de pathogènes. Imaginez un réfrigérateur domestique surchargé en pleine canicule : le mécanisme de refroidissement devient inefficace, accélérant la dégradation des contenus. À l’échelle d’une morgue, ce dysfonctionnement transforme l’installation en foyer infectieux potentiel, exposant le personnel et le voisinage à des risques sanitaires sérieux.
Le gestionnaire Tony Makengele tire la sonnette d’alarme : “Aucun nouveau corps n’est désormais accepté”. Les nouveaux décès doivent être orientés vers d’autres structures encore opérationnelles dans la région du Kongo Central. Cette mesure d’urgence souligne l’ampleur de la crise sanitaire qui frappe la province. Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs semaines de saturation progressive ont conduit à ce point de rupture, où même les protocoles élémentaires de conservation deviennent impossibles à respecter.
La solution semblait pourtant en marche : depuis août 2022, une nouvelle morgue d’une capacité de 100 corps est en construction grâce aux fonds de l’hôpital. Mais les travaux sont aujourd’hui à l’arrêt, paralysés par un manque criant de moyens financiers. L’achèvement du projet nécessiterait notamment un compresseur, des étagères adaptées et des civières – des équipements essentiels pour éviter le retour d’une telle crise. M. Makengele lance un appel pressant aux autorités provinciales et aux bonnes volontés : “Sans soutien extérieur, cette infrastructure vitale restera un chantier fantôme”.
Que signifierait concrètement l’inhumation des corps comme indigents en RDC ? Cette procédure, déclenchée si les familles ne se manifestent pas avant l’échéance, implique des funérailles minimales sans cérémonie familiale, réalisées aux frais de la collectivité. Une mesure ultime qui soulève des questions éthiques douloureuses, mais que les autorités jugent inévitable face à l’urgence sanitaire. La capacité de la morgue de l’hôpital Nsona Nkulu est désormais au cœur des préoccupations locales.
Cette crise met en lumière un problème récurrent dans de nombreuses régions congolaises : la vétusté des infrastructures médicales face à la demande croissante. Les spécialistes de santé publique rappellent qu’un environnement de conservation inadéquat peut générer des émanations toxiques et contaminer les nappes phréatiques, avec des conséquences à long terme sur la santé des communautés avoisinantes. Que faire alors ? Outre le respect de l’ultimatum par les familles concernées, la sécurisation des financements pour la nouvelle morgue apparaît comme une priorité absolue pour éviter que Mbanza-Ngungu ne revive ce cauchemar logistique et sanitaire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net