Assise au premier rang, les mains serrées sur son sac artisanal, Marie contemplait l’écran où défilait l’épopée des guerrières Agojié. Comme des centaines d’autres participantes à cet atelier femmes Kinshasa, elle cherchait dans ce récit historique une clé pour affronter les défis quotidiens. « Ces images m’ont rappelé que nous portons une force collective », confie cette mère de quatre enfants, victime des violences dans l’est du pays. Son émotion palpable résumait l’ambiance de ces deux jours intenses dédiés à la paix sécurité RDC.
Organisé par l’ONG Synergie jeunes africains pour la consolidation de la paix et la sécurité, l’événement s’est articulé autour d’un thème crucial : « Femme face aux défis de la paix et sécurité en République Démocratique du Congo ». Loin d’être un simple colloque théorique, la projection du film « The Woman King » a servi de catalyseur à des échanges vibrants. Comment ces héroïnes du Dahomey peuvent-elles inspirer les Congolaises d’aujourd’hui ? La question a fait jaillir des témoignages poignants sur leur rôle dans la résolution des conflits qui déchirent le pays.
Elcis Lotendo, coordinatrice du mouvement féminin Biso Basi Telema, a martelé un message essentiel : « Quand les femmes unissent leurs voix, elles deviennent un rempart contre l’instabilité ». Son discours a mis en lumière un paradoxe criant : premières victimes des crises, elles restent trop souvent exclues des tables de négociation. Pourtant, leur connaissance intime des communautés en fait des actrices incontournables. « Nos mères savent désamorcer les tensions dans les marchés, nos sœurs reconstruisent les liens sociaux dans les villages bombardés – cette intelligence doit être au cœur des stratégies nationales », a-t-elle insisté devant une assemblée conquise.
Parallèlement aux débats, une exposition artisanale femmes transformait le lieu en foire de l’espoir. Des sacs tissés à partir de pneus recyclés, des cosmétiques aux essences locales, des pagnes transformés en accessoires modernes : chaque stand racontait une histoire de résilience. « Ces créations ne sont pas que des objets, ce sont des manifestes », explique Thérèse, artisane de Matete. « Quand je vends une jupe brodée, je finance la scolarité de mes enfants tout en prouvant que nous bâtissons malgré la guerre. » Cette vitrine économique soulignait combien l’autonomisation féminine est indissociable de la stabilité.
Mais derrière l’enthousiasme palpable, une inquiétude persistait. Comment transformer ces déclarations d’intention en actions pérennes ? Les participantes ont évoqué l’urgence de mécanismes concrets : comités locaux de médiation féminine, accès facilité aux microcrédits, ou encore quotas dans les instances décisionnelles. Si l’atelier a planté une graine d’espoir, sa croissance dépendra désormais de l’engagement des autorités à écouter ces voix longtemps marginalisées. Car comme le murmurait une participante en repartant : « La paix ne se décrète pas, elle se tisse chaque jour par nos mains. »
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
