Le ministère des Infrastructures et Travaux Publics vit un tournant décisif. Ce mardi 12 août 2025, Alexis Gisaro a symboliquement remis les clés du département à John Banza Lunda, ancien président du caucus des élus du Tanganyika, lors d’une cérémonie teintée d’urgence opérationnelle. Dans l’antre même du ministère, entouré des cadres techniques, le nouveau titulaire du portefeuille a immédiatement tracé sa feuille de route : achever les chantiers en suspens et lancer des projets structurants pour rompre l’isolement des provinces.
« Mon mandat sera marqué par la connexion de notre pays du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest », a déclaré Banza Lunda, citant en priorité les rocades de Kinshasa et la complétion de la mythique RN1 reliant Banana à Sakania. Un discours ambitieux qui contraste singulièrement avec l’héritage chiffré laissé par son prédécesseur. Car derrière les promesses de désenclavement routes Congo se dresse un mur financier vertigineux : 60 milliards de dollars américains nécessaires pour bitumer le réseau national, selon la révélation faite par Gisaro devant le Parlement l’an dernier.
Aussitôt investi, le ministre a été convoqué par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Les échanges, centrés sur la modernisation des axes vitaux, ont confirmé que les projets routiers RDC demeurent l’épine dorsale du programme gouvernemental. « J’ai reçu des orientations très claires », a concédé Banza Lunda, martelant sa maxime-programme : « La route du développement passe par le développement de la route. » Une formule choc qui répond aux attentes pressantes d’une population exaspérée par l’état catastrophique des voies de circulation.
Mais l’écart entre les ambitions affichées et la réalité infrastructurelle interroge. Comment ce ministre infrastructures RDC compte-t-il relever un tel défi avec seulement 3 000 km de routes bitumées sur 153 000 km que compte le réseau national ? Le ratio congolais (5% de routes revêtues) fait pâle figure face à la moyenne subsaharienne (25%), symptôme criant de décennies de sous-investissement. Gisaro lui-même pointait du doigt les « contraintes majeures » : mobilisation financière insuffisante et faible engagement des acteurs.
La passation ministérielle Congo révèle ainsi une équation insoluble en apparence. D’un côté, Banza Lunda brandit l’impératif de « connecter davantage notre pays », conscient de sa « grande responsabilité » face à l’enclavement chronique. De l’autre, le budget pharaonique requis semble hors de portée d’un État aux finances exsangues. Le nouveau ministre saura-t-il transformer l’essai où reproduire les échecs des « programmes d’investissements à des horizons de 10-20 ans » qui, selon les archives du ministère, « peinent à être réalisés » ?
Son premier discours, émaillé de promesses de transparence et d’action coordonnée, laisse entrevoir une volonté de rupture. Reste à savoir si les orientations reçues de l’hôtel du gouvernement incluront des mécanismes de financement innovants pour ces projets routiers RDC structurants. À l’heure où la relance économique passe impérativement par le désenclavement routes Congo, tous les regards sont désormais braqués sur la capacité de John Banza Lunda à transformer le bitume en or politique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
