Dans une déclaration vidéo diffusée cette semaine, le colonel déserteur Charles Sematama, chef militaire du groupe armé Twirweneho, a confirmé des liens stratégiques anciens avec la rébellion AFC/M23. Sous sanctions américaines, le commandant s’est adressé à ses troupes dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, exposant des collaborations préexistantes à la création de l’Alliance Fleuve Congo.
« Nous avions déjà des compromis avec le M23 avant l’arrivée de l’AFC », a-t-il affirmé en kinyarwanda devant ses partisans. Des accords opérationnels unissent les deux mouvements contre un ennemi commun : l’armée congolaise. « Nos problèmes sont identiques au Nord et au Sud-Kivu. L’objectif est d’abattre l’adversaire pour restaurer la paix », a-t-il justifié, reportant les discussions politiques à plus tard.
L’officialisation de l’adhésion de Twirweneho à l’AFC en février 2024 masque une réalité plus complexe. Sematama a révélé avoir exigé la confidentialité de cette alliance : « Nous avons demandé à ne pas rendre cela public pour ne pas alerter l’ennemi ». Une stratégie d’évitement qui n’empêche pas Freddy Kaniki, président du groupe, d’occuper un poste de coordonnateur adjoint au sein de la structure dirigée par Corneille Nangaa et Sultani Makenga.
Quelle portée réelle ont les processus de paix en cours ? Le chef militaire a balayé les pourparlers de Nairobi et Doha. « Nous n’y participons pas », a-t-il tranché, évoquant l’exclusion du M23 qualifié de « mouvement terroriste » lors des négociations kényanes. Un échec diplomatique qui le marginalise : « Aucun dialogue ne nous concerne actuellement ».
Le contexte sécuritaire régional complique ce tableau. Twirweneho bénéficierait du soutien des rebelles burundais Red Tabara, eux-mêmes appuyés par Kigali selon des sources onusiennes. Cette révélation intervient après la mort du précédent chef Michel Rukundo, tué dans une frappe de drone à Minembwe début 2024. Comment Kinshasa répondra-t-il à cette menace consolidée ?
Les implications sont lourdes pour le conflit du Sud-Kivu. Cette collaboration Twirweneho-M23, antérieure à l’AFC, dessine un front uni contre les FARDC. L’absence du groupe dans les négociations de paix mine les efforts de résolution. Le processus de Doha, déjà fragilisé, voit sa crédibilité further érodée par ces déclarations. L’armée congolaise devra adapter sa stratégie face à cette alliance militaire confirmée.
La situation reste volatile dans l’Est de la RDC. Les civils paient le prix fort de ces recompositions alliances. Les humanitaires signalent une recrudescence des déplacements dans les territoires de Fizi et d’Uvira. La communauté internationale observe ces développements avec inquiétude tandis que les populations attendent une paix durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd