Un couvre-feu strict a été instauré par les rebelles du M23 dans le groupement de Bambo, territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Applicable de 18h00 jusqu’à l’aube, cette mesure s’accompagne d’un ordre d’évacuation des villages stratégiques. La population est sommée de se regrouper le long des axes routiers, officiellement pour permettre la traque des combattants Wazalendo et des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
Selon Isaac Kibira, notable local et fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur à Bambo, cette opération sécuritaire aurait déjà provoqué le déplacement forcé de milliers d’habitants. Les déplacés de Bwito se retrouvent sans abri ni ressources, l’accès à leurs champs étant brutalement coupé par les combattants. La crise humanitaire s’aggrave dans cette zone du conflit Nord-Kivu où les civils paient le plus lourd tribut.
“Le territoire de Rutshuru est déjà détruit”, alerte Isaac Kibira, actuellement en déplacement. Il évoque des scènes de chasse à l’homme “dans les champs et les brousses”, redoutant de nouvelles tueries dans la région de Binza. Son témoignage pointe l’urgence d’une intervention face à cette escalade violente du M23 Rutshuru.
La situation à Bambo illustre la stratégie militaire controversée du mouvement rebelle. Sous couvert de traque FDLR, les mesures imposées transforment des villages entiers en zones désertées. Le couvre-feu Bambo paralyse toute activité nocturne tandis que les déplacés Bwito survivent dans une précarité extrême. Comment justifier des méthodes qui frappent prioritairement les civils ?
Face à cette crise, Isaac Kibira lance un appel pressant au gouvernement Suminwa 2. Il exige que la question des déplacés soit inscrite à l’ordre du jour des prochaines négociations de Doha. Pour les populations du Nord-Kivu, ces discussions au Qatar représentent un ultime espoir de stabilisation. La communauté internationale suivra-t-elle enfin des paroles d’actions concrètes ?
L’opération de traque menée par le M23 s’inscrit dans un regain de tensions sécuritaires. Les autorités provinciales restent muettes sur les mécanismes de protection des civils. Sans réponse coordonnée, le conflit Nord-Kivu risque d’engendrer de nouvelles vagues de déplacement. Le bilan actuel, déjà lourd, pourrait s’alourdir dramatiquement dans les prochaines semaines.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
