Mama Kahindo puise péniblement une eau boueuse dans un ruisseau à trois kilomètres de chez elle. « Mes enfants ont la diarrhée depuis une semaine. Que faire ? Les hôpitaux sont inaccessibles et nos réserves sont épuisées », lâche-t-elle, le regard épuisé. Comme 15 000 autres habitants de Buleusa, au cœur du territoire de Walikale, elle subit une crise eau buleusa sans précédent depuis deux longs mois.
Le drame trouve sa source dans les violents affrontements qui ont opposé les rebelles du M23 aux groupes d’autodéfense locaux. Au plus fort des combats, le point de captage stratégique du mont Mulema a été pulvérisé par des tirs d’armes lourdes. « Les canalisations ressemblent à du gruyère », décrit un membre de la société civile locale sous anonymat. Conséquence immédiate : le réseau d’adduction d’eau s’est effondré, plongeant tout le groupement d’Ikobo dans une pénurie eau walikale catastrophique.
Les localités voisines de Katrisa, Bushimba et Kibati sont également asphyxiées. Faute d’accès à l’eau potable, les femmes parcourent jusqu’à six kilomètres pour ramener des seaux d’eau douteuse. « Hier encore, deux enfants de Kilambo ont été hospitalisés pour des vomissements sanguinolents », révèle une infirmière du dispensaire de Buleusa. Ces cas alarmants illustrent la menace croissante des maladies hydriques rdc dans une zone où le choléra pourrait exploser à tout moment.
Malgré des réparations précaires tentées durant les accalmies, les tuyaux percés continuent de fuir. « C’est comme vouloir colmater une digue avec du papier », ironise amèrement un technicien. L’urgence humanitaire nord-kivu est d’autant plus critique que Walikale, enclavé par le conflit nord-kivu eau, reste inaccessible aux convois d’aide. Les organisations locales tirent la sonnette d’alarme : sans intervention rapide, cette crise hydrique pourrait déclencher une catastrophe sanitaire.
Derrière chaque seau vide se cache un drame silencieux. Les écoles ferment car les élèves sont trop affaiblis. Les champs sont abandonnés, faute de force pour les cultiver. « Boire devient un privilège », soupire un ancien du village. Comment une région aussi riche en rivières peut-elle mourir de soif ? La réponse est amère : les balles ont eu raison des robinets. Tant que les armes parleront dans ce conflit nord-kivu eau, la population continuera de payer le prix fort. Une réalité qui interroge notre humanité commune : jusqu’où laisserons-nous la guerre assoiffer l’innocent ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net