Six individus ont été interpellés vendredi 8 août sur la route Kasenga, à une dizaine de kilomètres de Lubumbashi, en possession de trois lionceaux blancs. Les suspects ont été immédiatement déférés au parquet près le tribunal de grande instance de Lubumbashi, où une enquête judiciaire a été ouverte afin d’élucider les circonstances précises de cette détention illicite. Les félins, placés sous séquestre provisoire, ont été confiés aux soins du zoo de Lubumbashi durant la phase d’instruction.
Le docteur Jean-Claude Binemo, vétérinaire en chef du zoo de Lubumbashi, a établi lors d’un examen préliminaire que ces spécimens rares ne provenaient pas du territoire congolais. Contacté par Radio Okapi, il a catégoriquement affirmé : « En RDC, il n’y a pas de lions blancs ». Cette révélation accrédite la thèse d’un trafic transfrontalier d’animaux sauvages, soulevant des interrogations sur les réseaux impliqués dans ce commerce illégal.
La procédure pénale en cours se concentre désormais sur la vérification des documents réglementaires. Les enquêteurs examineront scrupuleusement si les prévenus détenaient un permis CITES valide, seul document habilitant le transport international d’espèces menacées. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dont la RDC est signataire, impose en effet cette autorisation délivrée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Comment ces trafiquants ont-ils pu contourner les contrôles douaniers ?
Le docteur Binemo a rappelé le statut juridique particulier du lion, intégralement protégé par la législation congolaise. « Toute personne souhaitant importer ou détenir un tel animal doit constituer un dossier conforme aux exigences techniques et éthiques avant d’obtenir l’aval de l’ICCN », a-t-il précisé. L’absence de ce sésame entraîne automatiquement des poursuites pour infraction à la loi sur la conservation de la biodiversité.
L’enquête approfondie ordonnée par le parquet examinera notamment la chaîne de possession des fauves et leur provenance exacte. Les forces de sécurité tenteront de déterminer si ces individus agissaient isolément ou comme maillon d’un réseau criminel structuré. Dans un contexte où le trafic d’espèces menacées prend des proportions alarmantes en Afrique centrale, cette affaire illustre les défis de préservation de la faune sauvage au Katanga.
Les trois lionceaux blancs demeureront sous la garde du zoo de Lubumbashi jusqu’à la conclusion des investigations. Leur état de santé fera l’objet de rapports médicaux réguliers, susceptibles d’être versés au dossier pénal. La prochaine étape procédurale consistera en l’audition formelle des suspects par le magistrat instructeur, préalable à leur éventuelle mise en examen pour détention et transport illicites d’espèces protégées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net