La province du Maniema vient de franchir une étape décisive dans la lutte contre le paludisme, ce fléau qui cause encore des milliers de décès évitables chaque année en RDC. Plus de 30 acteurs clés du secteur sanitaire se sont réunis à Kindu du 4 au 5 août 2025 pour un atelier de préparation au déploiement du vaccin antipaludique (VAP). Parmi eux figuraient les responsables des 18 zones de santé provinciales, les coordinations du Programme élargi de vaccination (PEV) et du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), rejoints par des partenaires techniques de l’OMS et de l’UNICEF.
Mais pourquoi cet atelier VAP à Kindu revêt-il une importance capitale ? Comme l’a expliqué le Dr Faustin Bekonda, chef de la division provinciale de la Santé au Maniema, il s’agissait de construire méthodiquement l’accompagnement technique de la prochaine campagne de vaccination. Imaginez un chantier où chaque brique posée sauvera des vies : les participants ont dressé un état des lieux précis des préparatifs et élaboré une feuille de route avec des actions correctrices concrètes. Cette mission d’appui technique vise à accélérer le déploiement du vaccin sur l’ensemble du territoire provincial, à l’image d’un bouclier sanitaire se déployant progressivement.
Le vaccin R21/Matrix-M, qui sera administré dans le cadre de cette campagne contre le paludisme, représente une avancée majeure. Son protocole comprend quatre doses administrées à des âges clés du développement infantile : 6 mois, 7 mois, 9 mois et enfin 15 mois. Actuellement déployé dans les provinces de Kinshasa, Kongo Central et le Grand Bandundu, son arrivée au Maniema marque une expansion stratégique. Pourtant, un vaccin seul ne suffit pas : comme le rappellent les spécialistes, il s’intègre dans une approche combinée incluant moustiquaires imprégnées et diagnostics précoces.
L’atelier a également jeté les bases de deux piliers opérationnels essentiels. Premièrement, la formation des formateurs aux niveaux intermédiaire et opérationnel, véritable colonne vertébrale du dispositif sur le terrain. Ces sessions préparatoires pour les vaccinateurs de Kindu et sa région garantiront une administration sécurisée et efficace. Deuxièmement, une stratégie de communication robuste a été esquissée pour promouvoir l’adhésion communautaire au VAP. Comme l’a annoncé le Dr Bekonda, un prochain atelier dédié aux professionnels des médias renforcera ce volet crucial.
Quel impact concret les populations du Maniema peuvent-elles espérer ? En combinant ce nouveau vaccin avec les interventions existantes, les autorités sanitaires projettent une réduction significative des 12 millions de cas annuels de paludisme en RDC. Les familles pourraient bientôt voir diminuer les hospitalisations d’enfants pour anémie sévère ou complications neurologiques, ces terribles conséquences des infections à Plasmodium falciparum. Mais cet espoir repose sur une condition : la réussite de la phase de formation des vaccinateurs à Kindu, qui déterminera la qualité du déploiement dans les zones de santé les plus reculées.
La route reste longue, mais chaque pas compte. Les experts recommandent aux communautés de maintenir les mesures préventives classiques tout en se préparant à accueillir prochainement les équipes de vaccination. Comme un tissu dont chaque fil compte, la réussite de cette campagne dépendra de l’articulation entre planification centrale, compétences locales et confiance des populations. Le Maniema écrit actuellement une page décisive de sa lutte contre ce tueur silencieux qui vole encore chaque année près de 13 000 vies d’enfants congolais de moins de cinq ans.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd