Les cris déchirants des commerçants résonnent encore dans l’air chargé de fumée. « Je suis mort, j’ai tout perdu. Un capital de 10 à 20 millions FC, comment vais-je faire ? » Cette plainte lancinante d’un sinistré résume le désarroi qui frappe Bandundu après l’incendie marché Bandundu survenu dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 janvier. Un drame aux allures de catastrophe Kwilu qui a réduit en cendres une partie vitale du marché central.
Selon les témoins oculaires, le drame a commencé vers 19h par un court-circuit marché central près d’une échoppe. « Un fil conducteur s’était coupé ici, a confié un commerçant à ACTUALITE.CD. Quand cette maison a pris feu, nous avons essayé sans succès de l’éteindre ». Les flammes ont dévoré 19 entrepôts abritant vivres, habits et produits divers, plongeant plus de 30 familles dans la détresse absolue. Mercredi matin, le spectacle était apocalyptique : débris carbonisés, stocks de nourriture calcinés, et ces sinistres Bandundu errant parmi les ruines encore fumantes.
Comment une simple étincelle a-t-elle pu transformer un poumon économique en champ de ruines ? La réponse pointe vers des failles systémiques. Ironie tragique : l’incendie s’est déclaré à quelques mètres du bureau de police abritant les sapeurs-pompiers… qui ne disposent d’aucun véhicule anti-incendie. Un déficit criant qui rappelle le drame du 27 octobre 2020, où cinq personnes avaient péri dans les flammes au même endroit.
Face à l’ampleur des dégâts, le vice-gouverneur Espoir Masamanki incendie s’est rendu sur place : « Nous avons palpé du doigt la situation, on a rencontré les sinistrés ». Son annonce de création d’une commission d’enquête résonne comme un baume sur les plaies encore vives. Mais les commerçants, eux, attendent plus que des promesses. « Plus de 30 personnes y gardaient leurs produits », soupire un autre sinistré, les yeux rivés sur ce qui fut son gagne-pain.
Cette catastrophe interroge cruellement la prévention des risques dans nos marchés publics. Pourquoi les normes électriques ne sont-elles pas contrôlées rigoureusement ? Comment expliquer l’absence persistante de moyens de lutte contre les incendies dans une capitale provinciale ? Derrière les cendres du marché de Bandundu, c’est toute la vulnérabilité de l’économie informelle congolaise qui se révèle. Ces étals calcinés symbolisent la précarité de milliers de familles dont la survie dépend d’un commerce exposé à tous les dangers.
Alors que la commission d’enquête se met en place, les sinistrés, eux, affrontent une réalité brutale : reconstruire une vie avec des cendres. Leurs témoignages dessinent une carte humaine de la désolation : « Si je dis que je suis mort, c’est parce que j’ai tout perdu ». Une phrase qui sonne comme un requiem pour des rêves partis en fumée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd