Trois journalistes de la Radio communautaire Nsenda Muana, interpellés jeudi dernier à Mwene-Ditu dans la province de Lomami, ont été remis en liberté ce lundi 4 août 2025. Cette mesure fait suite à leur arrestation consécutive à la fermeture administrative de leur média ordonnée par les autorités locales.
La libération a été confirmée à notre rédaction par Shimatu Nsenda Chico, président du conseil d’administration de la radio. « Nous saluons la libération de nos collègues, interpellés injustement alors qu’ils ne faisaient que leur travail », a-t-il déclaré, tout en soulignant la mobilisation des institutions et personnalités ayant œuvré en faveur de cette résolution. Cette décision est intervenue après une série de condamnations vigoureuses émises par l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA) et le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), dénonçant une atteinte flagrante à la liberté de la presse.
Néanmoins, la situation demeure préoccupante pour Ally Clovis Kaseba, directeur des programmes de Radio Nsenda Muana. Hospitalisé au centre médical de Mwene-Ditu après une grave crise de santé survenue durant sa détention, il reste placé sous surveillance policière, selon des sources concordantes. Cette persistance de mesures restrictives soulève des interrogations quant au respect des procédures légales en matière de détention préventive.
Le contexte de cette affaire remonte à la fermeture administrative de la radio communautaire, ordonnée par le maire Gérard Tshibanda Kabwe. Les autorités locales avaient justifié cette décision par la diffusion de contenus jugés critiques à l’égard de l’administration territoriale. Une telle mesure, prise sans consultation préalable du CSAC, organe régulateur compétent, a immédiatement suscité l’émoi parmi les défenseurs des libertés médiatiques en République Démocratique du Congo.
L’OLPA, dans un communiqué rendu public dimanche, a qualifié ces arrestations de « violation manifeste des principes fondamentaux régissant l’exercice du journalisme ». L’organisme panafricain a exigé la réouverture immédiate de Radio Nsenda Muana et l’abandon de toute poursuite à l’encontre du personnel médiatique. Le CSAC a pour sa part rappelé que toute suspension d’antenne doit préalablement faire l’objet d’une procédure contradictoire conforme à la loi sur la presse congolaise.
Cette libération partielle marque-t-elle un apaisement durable dans la province de Lomami ? Les organisations de défense des droits des médias maintiennent une vigilance accrue, exigeant la levée complète des sanctions contre la radio et la clarification du statut juridique de son directeur hospitalisé. La coordination des syndicats de presse de la région a annoncé le dépôt imminent d’un recours devant les instances judiciaires compétentes pour contester la légalité de la fermeture administrative.
L’affaire de Mwene-Ditu s’inscrit dans un contexte national où la protection des journalistes demeure un enjeu crucial. La libération des trois professionnels constitue un premier pas vers le rétablissement des droits médiatiques, mais la surveillance policière persistante autour du directeur hospitalisé et la fermeture maintenue de la radio rappellent les défis structurels entravant la liberté de la presse en RDC. Les prochaines heures seront déterminantes pour observer si les autorités locales se conformeront aux injonctions des instances de régulation nationales et internationales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd