Dans les rues poussiéreuses d’Inongo, capitale du Mai-Ndombe, Jeanne, mère de quatre enfants, attend depuis trois heures devant un centre de santé surchargé. « Parfois je me demande si nos dirigeants savent ce que nous vivons ici », murmure-t-elle, son bébé fiévreux serré contre elle. Cette réalité quotidienne pourrait enfin changer avec l’adoption historique du premier Plan de développement provincial (PDP) 2026-2030, une initiative portée par le gouverneur Nkoso Kevani Lebon pour structurer l’avenir de cette province longtemps marginalisée.
Ce PDP, fruit de deux ans de concertation, représente bien plus qu’un document administratif. Dans une région où 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon les dernières études, il cristallise l’espoir d’un développement enfin maîtrisé. Comment transformer efficacement les richesses naturelles en progrès sociaux ? La réponse se décline en cinq axes stratégiques ambitieux qui couvrent tous les aspects de la vie locale.
Le premier pilier révolutionne les secteurs sociaux : santé, éducation et formation professionnelle seront repensés pour briser le cycle de la précarité. Imaginez des dispensaires équipés en médicaments essentiels, des écoles avec des bancs pour tous les enfants – un rêve qui pourrait devenir réalité. Le deuxième axe instaure une gouvernance transparente où chaque franc congolais sera tracé, grâce notamment à la digitalisation du système fiscal. Une petite révolution dans une province habituée aux opacités budgétaires.
« Sans infrastructures dignes de ce nom, aucun développement n’est possible », martèle un ingénieur local impliqué dans les travaux préparatoires. Le quatrième axe répond à cette urgence : routes, réseaux d’eau et plans d’urbanisme sortiront enfin des cartons. Quant aux secteurs productifs – troisième pilier – ils promettent de valoriser les ressources naturelles sans reproduire les erreurs du passé, tandis que l’axe environnemental impose une gestion durable des écosystèmes vitaux du Mai-Ndombe.
Ce plan de développement provincial inédit se distingue par son élaboration participative. Société civile, chefs coutumiers, ONG locales et partenaires comme le PNUD ont co-construit chaque chapitre. « C’est notre force : ce PDP n’est pas un document imposé de Kinshasa, mais le fruit de notre intelligence collective », souligne une représentante d’association féminine. Cette approche inclusive pourrait faire du Mai-Ndombe un laboratoire du développement durable en RDC.
Reste le défi de la mise en œuvre. Avec des institutions provinciales encore fragiles et des financements à sécuriser, le gouverneur Nkoso Kevani devra transformer cette feuille de route en réalisations tangibles. Mais une chose est sûre : ce PDP 2026-2030 pose les bases d’une transformation structurelle. Pour Jeanne et des milliers d’habitants du Mai-Ndombe, ce plan pourrait bien marquer la fin de l’attente interminable devant des centres de santé vides de moyens. L’espoir, enfin, a un calendrier.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
