Un drame sanglant a secoué le territoire de Dekese au Kasaï ce week-end. Un adolescent de 16 ans a perdu la vie sous les balles, tandis que trois autres jeunes ont été grièvement blessés lors d’affrontements violents opposant les communautés des villages Bolombo et Longa. L’incident s’est produit en pleine forêt, théâtre récurrent de tensions inter-villageoises.
Selon Patrick Bassa, administrateur du territoire de Dekese, la tragédie trouve son origine dans une expédition en apparence anodine. Un groupe de jeunes du village Longa s’était rendu dans la forêt de Bolombo, située à sept kilomètres de leur localité, pour y ramasser des chenilles. Sur place, ils ont été pris à partie par des individus non identifiés. Comment une simple activité de subsistance a-t-elle pu dégénérer en scène de violence extrême ?
« Après leur retour à Longa, les jeunes ont alerté leurs familles. Un groupe est immédiatement retourné sur les lieux, déclenchant des affrontements immédiats », a précisé l’administrateur. Les villageois, habituellement équipés d’armes artisanales pour la chasse, ont cette fois dirigé leurs fusils vers leurs voisins. Les coups de feu ont retenti, fauchant la vie du jeune de 16 ans sur le coup et laissant trois autres victimes dans un état critique.
Ces violences inter-villageoises s’inscrivent dans un conflit bien plus ancien. Patrick Bassa révèle que les tensions meurtrières entre Bolombo et Longa perdurent depuis plusieurs années autour d’enjeux de pouvoir coutumier. La volonté d’autonomie d’une faction de Bolombo, désireuse de désigner son propre chef, se heurte aux prétentions hégémoniques des responsables de Longa sur l’ensemble de l’entité. Un différend ancestral qui transforme régulièrement la forêt partagée en champ de bataille.
Actuellement, un calme précaire règne grâce au déploiement urgent des services de sécurité dans la zone. Mais cette accalmie reste fragile face à la persistance des rancœurs communautaires. Les autorités judiciaires ont ouvert une enquête pour identifier formellement les auteurs de ces violences. L’objectif : traduire en justice les responsables de cet épisode sanglant qui endeuille le Kasaï.
Cette nouvelle flambée de violence inter-villageoise à Dekese soulève des questions cruciales sur la sécurisation des zones rurales congolaises. Jusqu’à quand ces conflits locaux continueront-ils à faire des victimes collatérales, souvent des jeunes pris dans des guerres d’adultes ? La résolution des tensions coutumières apparaît plus que jamais comme un impératif pour éviter de nouveaux drames humains dans la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd