Un chef milicien notoire, surnommé “Américain”, a été interpellé par la police de Kimbanzeke à Kinshasa. Cette arrestation survient deux ans après la diffusion d’un avis de recherche le désignant comme l’un des six présumés auteurs intellectuels des violences communautaires entre Teke et Yaka. L’individu, dont l’identité réelle demeure inconnue, était activement recherché depuis novembre 2022.
Son interpellation dans la capitale congolaise suscite un espoir palpable parmi les victimes déplacées. Des centaines de familles, réfugiées à Kinshasa après avoir fui les territoires de Bagata et Kwamouth, voient dans cette opération policière un premier pas vers la justice. Ces zones de l’ouest de la République Démocratique du Congo ont été épicentre de conflits meurtriers attribués à la faction de ce chef milicien.
L’insécurité à Kwamouth et dans les secteurs avoisinants a atteint des niveaux critiques. Des villages entiers ont été décimés, des chefs coutumiers décapités, et des milliers de civils contraints à l’exode. Placide Mukwa, vice-président du cadre de concertation de la société civile du Kwilu, rappelle l’urgence judiciaire : “De nombreuses victimes innocentes sont recensées dans le secteur de Wamba-Fatundu. Même des détenus à la prison du Cinquantenaire à Bandundu citent son nom”.
Le député national Patrick Mangay, élu de Bagata, exige des sanctions sans complaisance : “On doit les sanctionner plutôt que de les caresser. La justice doit établir qui le soutient, quelles influences obscures motivent ses actes”. Cette prise de position souligne les interrogations sur les commanditaires réels de la milice Mobondo. Quels intérêts puissants protègent encore les cinq autres fugitifs recherchés depuis 2022 ?
L’arrestation de l’Américain marque-t-elle un tournant dans la lutte contre l’impunité ? Près de trois ans après le début du conflit, plusieurs centaines de miliciens ont été condamnés et incarcérés à Bandundu et Kikwit. Pourtant, les cerveaux présumés des opérations restaient insaisissables. L’opération policière à Kinshasa brise ce schéma, mais la traque judiciaire doit désormais s’étendre aux réseaux financiers et politiques.
La procédure engagée contre ce chef milicien arrêté à Kinshasa sera scrutée comme un test de crédibilité pour l’appareil judiciaire congolais. Placide Mukwa insiste : “Nous voulons que les commanditaires de la milice Mobondo, responsables d’innombrables morts, soient traduits en justice”. Seule une transparence totale sur les soutiens de l’Américain permettra une paix durable dans les territoires déchirés. L’autorité de l’État se mesure désormais à sa capacité à démanteler l’intégralité de cette machine de violence.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd