L’administration Trump intensifie ses efforts pour concrétiser l’accord de Washington liant la République démocratique du Congo et le Rwanda, orchestrant du 30 juillet au 1er août 2025 des réunions cruciales axées sur la sécurité et l’intégration économique régionale. Cette médiation États-Unis RDC vise explicitement à transformer la région des Grands Lacs en un pôle de stabilité via la coopération économique, une approche qui semble contredire la position traditionnelle de Kinshasa exigeant d’abord la pacification totale de l’Est congolais.
Selon un communiqué du Département d’État, les délégations ont paraphé le Cadre d’Intégration Économique Régionale (CER), pierre angulaire de l’Accord de paix. Ce dispositif prévoit une coordination binationale dans des secteurs stratégiques : énergie, infrastructures, exploitation minière responsable, gestion des parcs transfrontaliers et santé publique. Cette intégration économique Grands Lacs constitue, pour Washington, le levier indispensable pour améliorer les conditions de vie des populations et tarir les sources de conflits.
En parallèle, le Comité conjoint de surveillance a tenu sa première session sous observation internationale, avec la participation du Qatar, du Togo (facilitateur de l’Union africaine) et de la Commission de l’UA. Cette instance, mécanisme central pour la sécurité Est Congo, a défini ses modalités opérationnelles et préparé le déploiement du Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire. Ce dernier s’appuiera sur le concept d’opérations validé à Luanda en octobre 2024, incluant des engagements contraignants : respect mutuel de l’intégrité territoriale, cessation des hostilités entre armées nationales, et abandon du soutien aux groupes armés comme les FDLR ou le M23/AFC.
Le texte paraphé articule deux piliers indissociables : un volet sécuritaire exigeant et un volet économique ambitieux. Sur ce dernier point, l’accord promeut des projets structurants comme les centrales hydroélectriques communes, une gestion unifiée des parcs nationaux et un système de traçabilité des minerais. Il s’appuie sur les organisations régionales existantes (CIRGL, COMESA, EAC) pour éradiquer les circuits illicites tout en sollicitant un engagement accru des investisseurs américains dans les filières stratégiques.
Cette approche marque-t-elle un tournant dans la résolution des conflits chroniques ? L’administration Trump y voit « une avancée significative », soulignant que « la RDC et le Rwanda ont pris des mesures concrètes pour renforcer la sécurité et la coopération économique ». Les États-Unis annoncent déjà la tenue prochaine d’un sommet des chefs d’État à Washington pour consolider cette dynamique. Reste à voir si cette accélération, portée par la médiation États-Unis RDC, parviendra à concilier les impératifs de sécurité immédiate défendus par Kinshasa et la vision intégrationniste promue par Washington et Kigali. La coopération RDC Rwanda dans la traduction opérationnelle de ces principes sera le véritable test de crédibilité de cet accord.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd