Ce 28 juillet, une marée humaine de 44 355 candidats finalistes a envahi les centres d’examen de la province éducationnelle Sud-Kivu 1. Issus de Bukavu et des territoires de Kabare, Kalehe, Idjwi et Walungu, ces jeunes représentent l’avenir académique d’une région déterminée à relever ses défis éducatifs. Le lancement officiel s’est déroulé dans la commune de Bagira, symbole d’un processus crucial pour des milliers de familles.
Un fait marquant ressort immédiatement des statistiques : pour la première fois dans cette province, les filles surpassent légèrement les garçons avec 50,2% des candidats présents. Jean Marie Mwayesi Bileka, inspecteur principal provincial de l’EPST Sud-Kivu, y voit le fruit d’une mobilisation collective : « Nous remercions tous les partenaires qui ont œuvré pour aligner notre pays sur la voie de l’éducation féminine ». Cette progression interroge : la RDC parviendra-t-elle à transformer cette parité scolaire en égalité professionnelle durable ?
L’analyse des options choisies révèle une concentration préoccupante. Sur les 50 filières possibles au niveau national, seules 23 sont proposées dans le Sud-Kivu. Plus frappant encore : les options pédagogiques attirent à elles seules plus de 22 000 candidats, tandis que le secteur social en regroupe plus de 10 000. Ensemble, elles engloutissent 75% des effectifs. Mwayesi Bileka soulève une question cruciale : « Combien de ces pédagogues seront réellement absorbés par le métier de l’enseignement ? ». Cette surreprésentation pose le défi de l’adéquation formation-emploi dans une région où les besoins économiques diversifiés peinent à être couverts.
Le contexte sécuritaire n’a pas été éludé lors du lancement présidé par Dunia Masumbuko, vice-gouverneur sous AFC/M23. Tout en rassurant sur le contrôle de la situation, il a lancé un appel pragmatique : « Les chefs de centres doivent faciliter la participation des enfants déplacés sans conditions excessives ». Un impératif humanitaire dans une province encore marquée par les tensions.
Alors que les premières copies sont rendues, plusieurs enjeux émergent. La féminisation des effectifs scolaires, si elle est une victoire, ne doit pas masquer les obstacles persistants à l’émancipation professionnelle des femmes. La prédominance écrasante des filières pédagogiques et sociales exige une réflexion urgente sur la diversification de l’offre de formation. Enfin, l’inclusion des déplacés rappelle que l’éducation reste un droit fondamental, même dans l’adversité. Les résultats de cet Examen d’État dessineront-ils les contours d’un système éducatif plus résilient et adapté aux réalités congolaises ? Réponse dans quelques semaines.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd