Une onde de choc traverse la chefferie de Kibulungu, à 15 kilomètres de Tshikapa dans la province du Kasaï. L’assassinat du chef Kalunga Sha Nyebe a été perpétré le vendredi 25 juillet lors d’une cérémonie hautement symbolique. Selon des témoins présents sur les lieux, le drame s’est produit au moment même de l’intronisation d’un autre chef coutumier dans cette entité traditionnelle.
Les circonstances précises restent à établir, mais plusieurs sources concordantes indiquent que Nyama Mijilu aurait porté des coups de couteau mortels à son rival. Cet acte violent cristallise un conflit de chefs à Kibulungu latent depuis des années. Les deux hommes se disputaient ouvertement le leadership sur ce territoire, opposant des légitimités historiques concurrentes.
Transporté dans un état critique, Kalunga Sha Nyebe a succombé à ses blessures quelques heures après l’agression. La nouvelle de sa mort a immédiatement provoqué un vent de panique parmi les habitants. Comment une telle violence a-t-elle pu éclater au cœur d’une cérémonie traditionnelle ? Cette question hante désormais la communauté locale.
La tension à Tshikapa et ses environs est palpable depuis le drame. De nombreux villageois, redoutant des représailles en cascade ou l’embrasement de violences intercommunautaires, ont pris la fuite. Des familles entières ont abandonné leurs foyers pour se réfugier dans la brousse ou gagner des villages voisins. Ce déplacement de la population de Kibulungu crée une situation humanitaire préoccupante.
Aucun communiqué officiel n’a encore été publié par les autorités provinciales ou les administrateurs locaux. Les forces de sécurité ont été déployées en urgence pour prévenir tout débordement. Une enquête judiciaire a été ouverte, promettant de faire toute la lumière sur cet assassinat. Les enquêteurs devront déterminer les responsabilités individuelles et collectives dans cette affaire.
Cet événement sanglant relance le débat sur la persistance des violences coutumières au Kasaï. La région du Grand Kasaï reste marquée par des conflits ancestraux autour des chefferies, souvent exacerbés par des enjeux fonciers et politiques. L’absence de démarcation claire entre les entités traditionnelles continue d’alimenter des rivalités meurtrières.
Des voix s’élèvent pour réclamer une réforme urgente du statut des chefferies. La clarification des compétences et des limites territoriales apparaît comme une mesure indispensable pour prévenir de nouveaux drames. Le calme reste précaire à Kibulungu où la population attend justice et garanties de sécurité. La médiation traditionnelle pourra-t-elle apaiser ces tensions historiques ? L’État parviendra-t-il à imposer son autorité dans ces zones reculées ? L’avenir immédiat de cette communauté en dépend.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
