Comment assurer l’avenir des jeunes quand les armes grondent aux portes des salles d’examen ? C’est le défi relevé ce lundi 28 juillet à Pinga, où les épreuves de l’examen d’État 2025 ont été lancées malgré les menaces sécuritaires persistantes de l’AFC/M23 dans cette zone stratégique à cheval entre Walikale et Masisi. Dans la province éducationnelle Nord-Kivu 3, plus de 10.000 candidats tentent d’écrire leur avenir au milieu des tensions.
Deux centres de passation ont ouvert leurs portes sous protection militaire renforcée : l’Institut Tutwadi (Pinga 1) et l’Institut Isonge (Pinga 2). Un dispositif sécuritaire exceptionnel encercle les établissements pour garantir la quiétude des épreuves, alors que la région subit depuis une semaine des attaques répétées des rebelles contre les positions des wazalendo et des FARDC. Cette sécurisation des examens dans le Nord-Kivu apparaît comme un pari audacieux face à l’instabilité chronique.
Les enseignants sur place décrivent une atmosphère lourde mais déterminée. « Nous surveillons autant les copies que l’horizon », confie sous anonymat un surveillant de l’Institut Isonge. Les candidats, eux, oscillent entre concentration sur leurs copies et inquiétudes diffuses. La présence accrue des forces régulières autour des centres de Pinga vise précisément à éviter que les incidents sécuritaires ne viennent perturber le déroulement des épreuves.
Cette situation reflète un problème plus large : l’éducation comme otage des conflits dans l’Est du Congo. L’AFC/M23, par ses actions récentes dans le territoire de Walikale, met directement en péril le droit fondamental à l’instruction. Pourtant, la tenue de ces examens d’État dans le Nord-Kivu 3 symbolise une résistance quotidienne. Les autorités scolaires ont dû adapter les horaires et prévoir des itinéraires sécurisés pour le transport des sujets, montrant l’extraordinaire mobilisation nécessaire pour maintenir le système éducatif en zone de guerre.
Quel avenir pour ces 10.000 candidats de Walikale et Masisi si la sécurité des examens ne peut être durablement garantie ? La question hante les responsables locaux. Les épreuves se déroulent dans des conditions qui rappellent cruellement les défis de l’éducation en milieu conflictuel. Pendant que les candidats planchent sur leurs copies, les négociations pour une paix durable dans la région semblent aussi complexes qu’une dissertation de philosophie. La réussite de cette session d’examen sous tension pourrait pourtant envoyer un message fort : l’éducation refuse de capituler devant la violence.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd