Dans une ambiance empreinte de solennité, le gouverneur de la province du Maniema, Mussa Kabwankubi Moïse, a officiellement donné le coup d’envoi de l’Examen d’État 2025 ce lundi 28 juillet. C’est depuis l’école primaire Tuendelee à Kindu, cœur névralgique de la province éducationnelle Maniema I, que ce rituel académique a commencé. Pourtant, derrière les discours d’encouragement se cache une réalité préoccupante : seulement 16 000 candidats sont alignés dans les 51 centres de passation, un chiffre bien en deçà des 18 534 initialement attendus.
Comment expliquer cette déperdition soudaine de plus de 2 500 élèves entre la phase hors-session et la session ordinaire ? Le directeur provincial de l’éducation, Jacques Mutoo, ne cache pas son amertume face à cette saignée dans les effectifs. « Cette baisse reflète un décrochage scolaire inquiétant qui mine nos efforts éducatifs », confie-t-il, appelant à une mobilisation urgente des communautés et à un accompagnement renforcé des familles. Un constat qui interroge sur l’efficacité des mécanismes de rétention scolaire dans cette région de la RDC.
Face à ce défi, le gouverneur Kabwankubi a lancé un appel vibrant aux finalistes présents : « Vous portez l’avenir du Maniema. Visons ensemble un taux de réussite d’au moins 60% pour redorer l’image éducative de notre province ». Un objectif ambitieux, mais réalisable selon lui, grâce aux efforts conjugués des enseignants et des autorités qui ont travaillé sans relâche pour garantir des conditions d’examen optimales. Pourtant, la question demeure : comment bâtir une éducation solide quand près de 14% des candidats potentiels abandonnent avant même le jour J ?
Cette situation met en lumière les failles structurelles du système éducatif congolais. Entre les difficultés économiques des familles, l’éloignement géographique de certains centres d’examen et le manque de soutien pédagogique, les obstacles sont multiples. Les résultats de l’examen provincial seront-ils à la hauteur des espérances malgré ce départ en demi-teinte ? La réponse dépendra en grande partie de la capacité des acteurs locaux à transformer cet élan inaugural en dynamique pérenne.
Alors que les premières copies sont distribuées dans les sales de classe, un autre examen se joue en coulisses : celui de la capacité de la RDC à enrayer l’hémorragie scolaire qui frappe particulièrement ses provinces reculées. Le défi dépasse largement la seule réussite aux épreuves ; il s’agit de reconstruire une chaîne de confiance entre les élèves, les familles et l’institution scolaire. Car sans une jeunesse formée et diplômée, quel avenir pour le développement du Maniema et de la République Démocratique du Congo tout entière ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net