La conférence budgétaire du secteur des Wanianga, ouverte ce jeudi 24 juillet 2025 à Walikale, constitue un baromètre crucial des défis du Nord-Kivu. Comment reconstruire une économie locale lorsque près de 40% du territoire échappe au contrôle fiscal ? Cette concertation inédite, rassemblant chefs coutumiers, services étatiques et société civile, vise à intégrer les priorités populaires dans le budget 2026 de cette entité décentralisée. Une démarche participative saluée comme un vaccin contre les déficits d’appropriation des politiques publiques.
Le spectre de l’exercice 2025 plane sur les débats. Évalué initialement à 12 milliards de francs congolais (environ 4,3 millions USD), le budget subit un effritement dramatique. « Les localités sous contrôle rebelle ne contribuent plus au trésor public », déplore Mbura Bikwashu Balthazar, secrétaire administratif du secteur des Wanianga. L’offensive de l’AFC/M23 a transformé des axes économiques en no man’s land fiscal, paralysant l’exécution des projets structurants. Certains chantiers sont suspendus, d’autres progressent au ralenti, dans une région où l’insécurité impact budget comme un acide corrosif.
Cette saignée financière oblige à un triage pragmatique. La conférence budgétaire Walikale fonctionne comme une clinique du développement : il s’agit de réanimer les projets 2025 avortés et d’intégrer de nouveaux leviers de croissance. Dès le premier jour, un consensus émerge autour des infrastructures agricoles. Les participants plébiscitent à 78% la réhabilitation des routes de desserte agricole, ces artères vitales pour l’écoulement des productions. « Sans désenclavement, nos récoltes pourrissent sur place », témoigne un chef coutumier sous couvert d’anonymat.
Trois priorités cristallisent les ambitions des Wanianga pour 2026 :
- La sécurisation des corridors économiques vers Goma et Kisangani
- La modernisation des coopératives agricoles
- La relance des centres de santé communautaires
Ces projets phares s’inscrivent dans une logique de développement Nord-Kivu par capillarité rurale. Mais l’équation sécuritaire demeure la variable insoluble. Comment garantir des investissements durables quand les groupes armés contrôlent 15% du territoire sectoriel ? La réponse budgétaire devra intégrer un mécanisme de résilience, selon les experts consultés. « Il faut prévoir des crédits fléchés vers les zones reconquises, avec des indicateurs d’alerte précoce », suggère un économiste local.
D’ici samedi, les délégués devront transformer ces diagnostics en feuille de route chiffrée. Le budget 2026 RDC se construira-t-il sur les ruines de l’insécurité ou malgré elle ? Les projets Wanianga serviront de test. Si les routes agricoles émergent comme colonne vertébrale du redressement, leur viabilité dépendra d’un paramètre absent des calculs financiers : le retour à la souveraineté étatique sur l’ensemble du territoire. La conférence de Walikale aura au moins révélé une vérité implacable : en RDC, aucun développement n’est possible sans sécurité préalable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd