Dans un quartier précaire de Kinshasa, Jeannette, mère célibataire de quatre enfants, survit avec moins d’un dollar par jour. « Parfois, on dort le ventre vide pendant deux jours », confie-t-elle, les yeux rivés sur son dernier sac de farine vide. Comme des milliers de Congolais, elle ignore qu’une décision gouvernementale pourrait changer son quotidien. Vendredi 25 juillet 2025, le Conseil des ministres a adopté le projet de décret créant le Registre Social Unique (RSU), une avancée majeure pour la protection sociale en RDC.
Porté par la ministre Nathalie-Aziza Munana lors de la 53e réunion du gouvernement, ce texte ambitionne de centraliser les données des ménages les plus fragiles. « Ce registre social unique est une base d’informations sur le profil des ménages les plus affectés », souligne le compte-rendu officiel. Un système intégré permettra d’identifier avec précision les familles en détresse, mettant fin à l’éparpillement actuel des aides sociales.
Mais comment fonctionnera concrètement ce registre social unique RDC ? Les ménages vulnérables Congo seront recensés via un processus rigoureux : enquêtes de terrain, croisement de données socio-économiques et vérifications communautaires. Le but ? Éviter les doublons et les fraudes qui minent les programmes d’assistance. « C’est la colonne vertébrale de notre réforme sociale gouvernementale », insiste une source ministérielle. Le RSU Congo deviendra ainsi le référentiel obligatoire pour tous les projets d’aide.
Cette réforme s’inscrit dans la vision présidentielle de « prospérité populaire » face à des indicateurs sociaux alarmants. Près de 70% des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. Le décret protection sociale arrive à point nommé pour coordonner l’action d’acteurs souvent désorganisés. « Actuellement, trois organismes différents peuvent venir dans un même village sans concertation », déplore un travailleur social de Goma.
Le ministère des Affaires sociales, cheville ouvrière du dispositif, voit ici renforcé son mandat constitutionnel. Ses missions ? Protéger les veuves de guerre, réinsérer les enfants soldats, ou soutenir les déplacés internes. Le RSU permettra de cibler efficacement ces populations, évitant le gaspillage des maigres ressources. Restent des défis colossaux : comment recenser des familles dans des zones reculées privées de réseau ? Comment garantir la protection des données personnelles dans un pays miné par la corruption ?
Si ce décret protection sociale est appliqué rigoureusement, il pourrait marquer un tournant. À Mbuji-Mayi, des associations saluent déjà l’initiative mais s’interrogent : « Les plus pauvres ont-ils des papiers d’identité pour s’enregistrer ? » s’inquiète un responsable local. La réussite du RSU dépendra des moyens alloués et de la volonté politique réelle. Pour Jeannette et des millions d’autres, ce registre représente l’espoir d’une aide qui ne soit plus une loterie, mais un droit. La solidarité nationale peut-elle enfin devenir une réalité tangible ? L’avenir le dira.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd