La cité de Komanda, dans le territoire d’Irumu au sud de l’Ituri, subit les conséquences d’une attaque meurtrière attribuée aux rebelles ADF. Dans la nuit du 27 juillet, une quarantaine de civils ont été exécutés lors d’un raid sanglant ayant plongé la région dans la terreur. Ce massacre à Irumu représente l’un des épisodes les plus violents de ces dernières semaines dans l’Est-RDC.
Immédiatement après l’assaut, une vague de panique a saisi la population. Plus de la moitié des habitants de Komanda ont fui précipitamment, abandonnant leurs biens. Les quartiers Base, Zunguluka, Umoja et Ngombenyama, identifiés comme les plus vulnérables, se sont vidés en quelques heures. Des colonnes de déplacés de l’Ituri se sont formées sur les routes menant vers Kisangani et Bunia, certains marchant à pied, d’autres entassés dans des taxis ou sur des motos.
Les forces conjointes FARDC-UPDF ont renforcé leur présence dans la zone. Cette démonstration de force apporte un réconfort limité aux rares habitants restés sur place. La peur d’une nouvelle attaque ADF à Komanda paralyse toujours la région. Les activités économiques sont totalement suspendues : marchés déserts, boutiques closes, pharmacies et lieux de culte fermés. Les agriculteurs n’osent plus accéder à leurs champs, aggravant les risques de pénurie alimentaire.
Cette nouvelle violence dans l’Est-RDC accentue une crise humanitaire déjà critique à Bunia. La ville accueille désormais plus de 20 000 déplacés supplémentaires fuyant les combats dans le territoire de Djugu. Selon l’Association des déplacés et victimes des guerres de l’Ituri, ces personnes originaires de Nizi, Lopa et Centrale Solenyama arrivent dans un état de détresse extrême.
Les sites d’accueil sont saturés au-delà de leurs capacités. Des abris délabrés offrent une protection insuffisante contre les intempéries. Les sanitaires sont obstrués, créant des risques sanitaires majeurs. L’accès aux soins médicaux et aux vivres reste dramatiquement limité. « Les nouveaux venus ne savent même pas où passer la nuit. S’ils dorment en brousse, c’est par manque d’espace et par peur des attaques », dénonce Olivier Karba, chargé de communication de l’association.
La mairie de Bunia confirme que plus de 2 400 déplacés survivent chez des familles d’accueil elles-mêmes en situation de précarité avancée. Cette cohabitation forcée exacerbe les tensions sociales et économiques. La crainte d’épidémies et de décès liés au manque d’eau potable et de nourriture devient palpable. Où trouver refuge quand même les sites d’accueil débordent ?
Face à l’urgence, responsables locaux et acteurs humanitaires lancent un appel pressant. Le gouvernement congolais et la communauté internationale sont interpellés pour une intervention immédiate. « Si personne ne réagit rapidement, nous risquons de subir des conséquences très graves », alerte Olivier Karba. La crise humanitaire à Bunia atteint désormais un seuil critique, tandis que les violences persistent dans les territoires voisins.
Cette double catastrophe – massacre sécuritaire et exode massif – illustre l’engrenage infernal qui frappe l’Ituri. Les déplacés de l’Ituri deviennent les symboles vivants d’une région en souffrance. Alors que les opérations militaires se poursuivent contre les groupes armés, la protection des civils et l’aide d’urgence restent les priorités absolues pour éviter l’irréparable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net