« Chaque traversée est un pari avec la mort », confie Kambale, motocycliste de Mitobo, les mains tremblantes sur son guidon. Sous ses roues, le pont de Lia grince sinistrement, parcouru de fissures béantes qui lézardent sa structure. À Mwenga, cette infrastructure vitale reliant Kamituga à Kitutu menace désormais de s’effondrer, plongeant des milliers d’habitants du bassin de Zalya dans une crise transport aiguë.
La société civile du territoire tire la sonnette d’alarme avec une urgence inédite. Bienfait Fadhili Mulonda Walubanda, son président, alerte : « Nous observons une deterioration accélérée du pont ces derniers jours. Le passage des véhicules est déjà impossible, et même pour les motocyclistes, chaque traversée devient un jeu russe ». Des témoins décrivent des craquements inquiétants et l’apparition soudaine de crevasses profondes qui fragilisent l’ouvrage.
Quelles conséquences pour ces populations déjà éprouvées ? La paralysie économique frappe de plein fouet les échanges entre Kamituga et Kitutu. « Les camions de manioc pourrissent à l’entrée du pont », déplore une commerçante du groupement Banampute. Les produits agricoles ne circulent plus, les prix flambent dans les marchés locaux, et l’accès aux centres de santé devient périlleux. Cette crise transport isole davantage des villages entiers dans une région où les infrastructures manquent cruellement.
La deterioration de ce pont stratégique révèle une vérité crue : l’abandon chronique des ouvrages publics dans le Sud-Kivu. « Comment expliquer qu’une artère économique majeure soit laissée dans cet état ? », interroge un ancien du village de Mitobo. Les partenaires techniques tardent à répondre, tandis que les autorités provinciales restent muettes face à cette urgence société civile. Pourtant, chaque jour sans intervention accroît le risque d’une catastrophe humaine.
La reparation infrastructure devient vitale pour Zalya. La société civile presse Kinshasa et Bukavu d’agir avant qu’un drame ne survienne. « Demain, il sera trop tard », insiste Walubanda, rappelant que des familles entières traversent ce pont fissuré pour accéder à l’eau potable. Cette crise symbolise le défi des zones rurales congolaises : combien de vies faudra-t-il sacrifier pour que les infrastructures de base soient sécurisées ?
Alors que la saison des pluies approche, la menace pèse plus lourd. Sans travaux immédiats, c’est toute l’économie locale qui risque de s’effondrer avec le pont. Les habitants de Mwenga retiennent leur souffle, espérant que leur cri d’alarme sera enfin entendu avant que la rivière Lia ne charrie des drames évitables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net