Chère communauté congolaise, reconnaître l’addiction chez un être cher est comme observer un arbre qui perd ses feuilles en saison sèche : les signes sont là, mais on espère que c’est passager. Pourtant, l’addiction aux drogues ou à l’alcool est une maladie qui touche de nombreuses familles chez nous, à Kinshasa comme dans nos villages. En parler avec bienveillance peut sauver des vies.
Pourquoi l’addiction est-elle une maladie ?
Imaginez le cerveau comme un champ fertile. Les substances addictives y sèment des graines qui dérèglent tout le système. Ce n’est pas une faiblesse morale, mais une vraie maladie qui nécessite un traitement, comme le paludisme ou l’hypertension.
Les 10 signaux d’alarme à observer
- Changements physiques soudains : Pupilles dilatées ou rétrécies, yeux rouges, perte ou prise de poids rapide comme après une forte fièvre
- Désintérêt pour les activités habituelles : Votre footballeur du quartier qui délaisse le terrain, votre choriste qui manque les répétitions
- Problèmes financiers inexplicables : Demandes d’argent répétées sans raison valable, objets de valeur qui disparaissent à la maison
- Isolement social : Comme un oiseau qui quitte sa volière, la personne évite amis et famille
- Sautes d’humeur extrêmes : Passer de la colère au rire sans raison, comme un orage tropical imprévisible
- Négligence de l’hygiène : Se laisser aller comme un champ non entretenu
- Problèmes professionnels ou scolaires : Baisse des résultats, absences répétées au travail ou à l’école
- Troubles du sommeil : Dormir toute la journée ou errer la nuit comme un hibou
- Objets suspects : Petits sachets plastique, pipes artisanales, comprimés sans ordonnance
- Déni persistant : “Je contrôle” répété comme un refrain, même quand les faits montrent le contraire
Comment réagir avec sagesse ?
Si vous reconnaissez ces signes chez un frère, une épouse ou un enfant :
- Choisissez le bon moment : Parlez en privé quand la personne est calme, comme on choisit le moment pour semer
- Utilisez le “je” : “Je m’inquiète pour toi” plutôt que “Tu as un problème”
- Évitez les accusations : L’addiction est une maladie, pas un crime
- Proposez de l’aide concrète : “Viens avec moi consulter au centre de santé”
Où trouver de l’aide en RDC ?
Dans nos provinces, des ressources existent :
- Centres hospitaliers de référence : Services de psychiatrie avec consultations addictologie
- Associations communautaires : Comme le Programme National de Lutte contre les Addictions
- Médecins généralistes : Ils peuvent orienter vers des spécialistes
- Groupes de soutien : Inspirés des modèles de Narcotiques Anonymes adaptés à notre culture
Ce qu’il faut éviter absolument
- Faire la morale : “Tu nous déshonores !”
- Cacher le problème par honte
- Financer l’addiction par pitié
- Attendre que “ça passe tout seul”
Un message d’espoir
L’addiction se soigne, comme le diabète se contrôle. À Mbuji-Mayi comme à Goma, des Congolais s’en sont sortis. Le premier pas est le plus difficile – comme traverser un fleuve en crue – mais avec un appui médical et familial, le rétablissement est possible.
Si vous reconnaissez plusieurs de ces signes chez un proche, agissez aujourd’hui même. Parlez-en à un infirmier de votre zone de santé, un pasteur ou un chef de communauté éclairé. Dans cette épreuve, vous n’êtes pas seuls. Ensemble, nous pouvons briser les chaînes de l’addiction dans notre beau pays.
Dr. Credo Kilongozi, Médecin directeur au CAMUREL Lubumbashi