Le grondement des armes résonne encore dans les collines de Fizi, poussant des familles entières à fuir avec pour seul bagage leur survie. « Nous dormons à même le sol, les enfants pleurent de faim et la dysenterie rôde », confie une mère croisée près de Lulimba, le regard vidé par l’épuisement. Cette scène déchirante résume l’urgence humanitaire RDC qui s’aggrave chaque jour dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, où près de 15 000 personnes errent sans refuge depuis la recrudescence des violences.
À l’origine de cet exode, un conflit Sud-Kivu implacable opposant depuis trois semaines les FARDC – soutenues par les milices Wazalendo – à une coalition rebelle regroupant Red Tabara, Twagineho et le M23-AFC. Les affrontements transforment les villages en champs de bataille, déclenchant des déplacements massifs que l’administrateur du territoire Samy Kalonji Badibanga qualifie de « crise ignorée ». « Imaginez des vieillards marchant des jours entiers sans eau potable, des nouveau-nés mourant de diarrhées faute de soins », lance-t-il, la voix nouée par l’indignation. Comment la communauté internationale peut-elle rester sourde à cette détresse ?
Sur le terrain, la précarité des déplacés Fizi atteint des niveaux catastrophiques. Sans abri contre les pluies torrentielles, privés de nourriture et exposés aux épidémies, beaucoup survivent grâce à la solidarité précaire des communautés d’accueil déjà exsangues. « La violence Fizi a tout détruit : nos champs, nos dispensaires, jusqu’aux points d’eau », témoigne un enseignant rencontré près de la frontière burundaise. Les femmes et enfants paient le plus lourd tribut, représentant 80% des déplacés selon des sources locales. Combien devront encore mourir avant une intervention coordonnée ?
Un frémissement d’espoir émerge pourtant avec l’arrivée d’une délégation humanitaire chargée d’évaluer les besoins. « Leur présence est cruciale pour mobiliser l’aide déplacés Congo », insiste Badibanga, tout en soulignant l’urgence d’agir vite. Car derrière les statistiques se cache une réalité brutale : la malnutrition aiguë frappe déjà 30% des enfants, tandis que les cas de choléra augmentent dangereusement. Cette crise révèle l’incapacité chronique à protéger les civils dans l’Est congolais. Jusqu’où devra-t-on compter les corps avant que Kinshasa et ses partenaires ne déclenchent un plan de sauvetage digne de ce nom ?
Au-delà de l’immédiat, ce drame pose une question fondamentale sur notre humanité commune. Ces déplacés ne sont pas des numéros, mais des cultivateurs, des artisans, des élèves dont l’avenir s’évapore dans la boue des camps improvisés. Leur calvaire met en lumière l’urgence de solutions politiques durables pour briser le cycle infernal des conflits armés. Car sans paix réelle, aucune aide humanitaire ne sera jamais suffisante. La communauté internationale parviendra-t-elle enfin à transformer ses promesses en actes concrets ? Pour les milliers d’âmes perdues dans les collines de Fizi, chaque minute d’attente ressemble à une éternité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net