Dans un pays où les voix féminines peinent souvent à se faire entendre, deux Congolaises brisent le silence avec une force inattendue. D’un côté, les stades marocains retentissent des exploits d’Olga Massombo, figure de proue des Léopards dames lors de la CAN féminine 2024. De l’autre, à Kinshasa, la lettre vibrante de Frida Okende au président Tshisekedi résonne comme un coup de tonnerre dans le paysage politique. Ces deux trajectoires, aussi différentes soient-elles, tissent une même trame : celle de l’émergence féminine Congo dans des bastions traditionnellement masculins.
À Mohammédia, le dernier match des phases de groupe contre la Zambie s’annonce décisif pour les femmes footballeuses RDC. Olga Massombo, repositionnée en piston gauche par le sélectionneur Hervé Happy, incarne cet espoir collectif. « On représente tout un pays », lance-t-elle, le regard déterminé. Malgré deux défaites initiales, l’ailière du Mazatlan FC (Mexique) puise dans les épreuves de son peuple une énergie singulière : « Nous jouons au foot, eux se battent pour leurs vies ». Sa présence à la CAN féminine transcende le sport – c’est un symbole de résilience nationale.
Pendant qu’Olga Massombo combat sur le terrain vert, Frida Okende mène un autre combat, tout aussi crucial, sur le terrain de la justice. Sa lettre ouverte au président, publiée deux ans après la mort tragique de son père Chérubin Okende, ancien ministre, secoue les consciences. Elle dénonce avec une précision glaçante les incohérences de la thèse officielle du suicide : « Je sollicite humblement votre haute autorité pour qu’une lumière sincère soit enfin faite ». Cette quête de vérité dépasse le deuil familial – elle interroge l’État de droit en RDC. La demande de justice Chérubin Okende devient un cri collectif contre l’impunité.
Ces deux destins s’entrecroisent comme les facettes d’une même révolution silencieuse. Comment ignorer, en effet, que le courage d’Olga Massombo dribblant les défenses adverses fait écho à l’audace de Frida Okende défiant les récits établis ? L’une affirme la place des Congolaises dans l’arène sportive internationale, l’autre réclame leur droit à la vérité dans l’espace judiciaire. Leur convergence illustre cette nouvelle donne : les femmes congolaises ne se contentent plus des seconds rôles.
Dans un pays en quête de repères, ces combats portent des espoirs concrets. Olga Massombo le souligne avec conviction : « Grâce à des compétitions comme la CAN, le football féminin va continuer à gagner en visibilité ». Une prophétie qui vaut au-delà du stade. Car chaque pas gagné par les femmes footballeuses RDC renforce ceux des Frida Okende exigeant des comptes. Leur leçon est claire : l’émergence féminine Congo n’est pas un slogan, mais une réalité qui s’écrit match après match, lettre après lettre. Et cette fois, personne ne pourra leur confisquer le ballon… ni la parole.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd