Une lueur d’espoir perce dans l’est de la République Démocratique du Congo. Plus de 650 personnes ont été extraites des griffes des Forces Démocratiques Alliées (ADF) entre novembre 2022 et juillet 2024 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Ces révélations ont été faites ce mercredi par l’ONG internationale Bridgeway Foundation lors d’un point de presse tenu à Bunia.
Le décompte est implacable : 500 otages libérés, principalement des femmes et enfants kidnappés, auxquels s’ajoutent 150 combattants ayant quitté volontairement les rangs de la rébellion. Cette évolution significative résulte de la pression militaire conjointe exercée par les Forces Armées de la RDC (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF) dans le cadre de l’opération Shujaa.
Mais l’assaut militaire ne suffit pas à expliquer ces désengagements massifs. Une stratégie complémentaire a été déployée par Bridgeway Foundation. Son chef de mission en RDC, Sekombi Katondolo, détaille les méthodes innovantes : “Nos hélicoptères équipés de haut-parleurs survolent les zones de combat. Nous appelons directement les combattants à déposer les armes et à regagner leurs communautés”.
Cette approche psychologique vise à briser l’emprise des ADF sur leurs recrues, souvent enrôlées de force. Comment convaincre des combattants endoctrinés ? La réponse passe par un programme holistique comprenant une prise en charge psychosociale immédiate après la sortie de brousse, suivie d’un processus de réinsertion communautaire minutieux.
La menace ADF reste pourtant prégnante. Sekombi Katondolo met en garde : “L’ennemi adapte constamment ses stratégies. Notre campagne de sensibilisation vise aussi à immuniser les populations contre leurs nouveaux pièges”. Une course contre la montre s’engage entre les pourvoyeurs de violence et les artisans de paix.
L’impact de cette double approche – militaire et psychologique – a été salué par les acteurs de la société civile en Ituri. Lors des récentes réunions d’échange, ces derniers ont souligné l’apport décisif de telles initiatives pour la pacification de l’Est congolais. La libération des otages et le désengagement des combattants représentent-ils un tournant dans le conflit ?
Les chiffres annoncés par Bridgeway Foundation témoignent d’une dynamique positive mais la route reste longue. Chaque vie arrachée aux ADF constitue une victoire humaine immédiate, tandis que la réinsertion des anciens combattants pose les bases d’une paix durable. La sécurité dans le Nord-Kivu et l’Ituri passe par ce travail de déminage psychosocial invisible mais vital.
L’opération Shujaa se révèle ainsi complétée par un volet civil essentiel. La neutralisation définitive des ADF requiert-elle davantage de telles synergies entre forces militaires et organisations spécialisées dans le désengagement armé ? La réponse se construit jour après jour dans les collines du Kivu et les forêts de l’Ituri, où chaque haut-parleur dans le ciel peut signifier une vie sauvée au sol.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net