Le territoire d’Ango, dans la province du Bas-Uele, subit une crise sécuritaire et humanitaire d’ampleur depuis mai dernier. Situé à plus de 500 km au nord de Kisangani, cette zone frontalière est paralysée par une double menace : des groupes armés locaux qui terrorisent les populations et un afflux massif de réfugiés centrafricains fuyant les violences dans leur pays.
Selon un rapport officiel daté du 3 juillet, adressé au gouverneur de province par l’administrateur intérimaire Pierre Nduku, environ 40 000 personnes ont traversé la frontière. Parmi elles, 35 000 réfugiés se sont installés à Zapay dans la chefferie Sasa tandis que 3 000 autres sont recensés à Pasi, en chefferie Mopoy. Ces chiffres alarmants n’incluent pas les communautés Mboroso et leurs troupeaux, dont le nombre reste indéterminé, soulignant l’opacité de cette crise humanitaire.
L’administrateur Nduku pointe deux facteurs clés de cette escalade : la porosité des frontières et le manque criant d’effectifs sécuritaires. Ces faiblesses structurelles facilitent l’entrée incontrôlée des réfugiés et l’expansion des groupes armés dans la région d’Ango. Comment contenir cette spirale infernale sans moyens adaptés ? La question reste en suspens alors que les communautés locales sont submergées.
Face à l’urgence humanitaire croissante, l’Assemblée provinciale du Bas-Uele a émis une alerte formelle le 9 juillet. Son vice-président, Antoine Gambolipay, a explicitement évoqué le risque imminent de catastrophe dans un courrier officiel. Il exhorte le gouverneur à mobiliser d’urgence les organisations internationales, notamment le HCR, pour encadrer le cantonnement des réfugiés et soulager les populations hôtes déjà vulnérables.
La situation à Ango illustre tragiquement les défis de la crise sécuritaire dans le Bas-Uele. Les groupes armés exploitent le vide étatique pour étendre leur emprise, tandis que l’afflux de réfugiés centrafricains exacerbe les tensions sur des ressources déjà limitées. Pierre Nduku réclame des soutiens financiers et logistiques immédiats pour sécuriser le territoire et répondre aux besoins essentiels. Sans intervention rapide, cette urgence humanitaire pourrait dégénérer en crise régionale incontrôlable.
La communauté internationale est-elle prête à agir avant que le pire ne se produise ? Les prochains jours seront déterminants pour les milliers de civils pris au piège entre violences et précarité dans ce territoire oublié du nord congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net