Un grave incident sécuritaire a secoué la province de la Tshopo ce jeudi 3 juillet. Des éléments des FARDC issus de l’unité Jungle sont accusés d’avoir dérobé une importante somme destinée à la paie des enseignants de la sous-division Bafwasende II. Les faits se sont produits alors qu’une délégation transportait les fonds via le système Mpesa.
Selon Saddam Tango, président de l’intersyndicale des enseignants, le vol a eu lieu à Gbado. Les militaires se sont emparés des salaires des enseignants des écoles primaires Wanginda, Besele, Onali et Bangwabi. Ces établissements, situés dans le groupement Wanginda (secteur Barumbi), sont éloignés du centre de Bafwasende, obligeant les bénéficiaires à confier leurs cartes SIM à des mandataires.
« Après l’opération de retrait, en arrivant à Gbado, un groupe de militaires Jungle a pris cet argent », a déclaré Saddam Tango. Les enseignants accompagnant les fonds n’ont pas seulement été dépouillés. Ils ont été soumis à des actes de torture et fouettés par leurs agresseurs en uniforme. Chaque école compte au moins six enseignants dont le salaire avoisine les 280 000 francs congolais.
Cette attaque s’inscrit dans un contexte d’insécurité croissante à Opienge et ses environs. La société civile de Bafwasende, par la voix de Désiré Aliene, confirme l’inquiétude populaire face aux agissements criminels des militaires : « À PK 232, les transporteurs paient désormais 10 000 Fc aux barrières illégales des FARDC ». Une situation qui paralyse l’économie locale et terrorise les civils.
L’intersyndicale dénonce une « tracasserie sans nom » systématiquement exercée par ces militaires contre les enseignants. Malgré les multiples alertes, les autorités restent sourdes. « Nous avons déjà interpellé les autorités civiles et militaires, sans aucune solution », déplore Désiré Aliene. En juin 2025, l’administrateur du territoire Willy Simbiye s’était contenté d’appeler les populations à « supporter » ces exactions.
Ce vol de salaires à Bafwasende illustre la déliquescence du contrôle hiérarchique au sein des FARDC dans la Tshopo. Jusqu’où ira l’impunité des forces armées dans cette région ? La corruption militaire gangrène-t-elle définitivement les institutions censées protéger les citoyens ? Les enseignants spoliés, déjà victimes de retards de paiement chroniques, sombrent aujourd’hui dans une précarité extrême après cette double violence : physique et économique.
La société civile exige une enquête immédiate pour identifier les militaires impliqués dans ce vol qualifié et les exactions associées. Sans réaction ferme des autorités provinciales, ces incidents risquent de s’aggraver, sapant davantage la confiance des populations envers l’État. L’insécurité à Opienge devient un cas d’école des dérives sécuritaires qui minent le territoire congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd