Le Maniema tourne enfin une page sombre de son histoire médicale. Depuis le 1er juillet, cette province de la République Démocratique du Congo dispose de sa propre usine de production d’oxygène médical à Kindu, une réponse concrète aux décès récurrents liés aux détresses respiratoires. Financée à hauteur d’un million de dollars par le Fonds mondial à travers l’ASBL Santé rurale (SANRU), cette infrastructure vitale matérialise la vision de couverture santé universelle promue par le Chef de l’État.
Imaginez un instant : chaque semaine, des vies s’éteignaient simplement parce que l’air manquait. Le Dr Jean Buredi, directeur de l’hôpital provincial du Maniema, ne cache pas son soulagement : « Nous enregistrions un à deux décès hebdomadaires dus au manque d’oxygène. Nos concentrateurs tombaient en panne avec les coupures de courant. Désormais, cette usine résout un problème vital ». Un constat qui révèle l’urgence sanitaire vécue par les populations locales.
Mais quelle est la capacité réelle de cette usine tant attendue ? Le Dr Tshizemba Marie Albert, du Programme national de lutte contre les infections respiratoires aiguës, apporte une réponse chiffrée : « L’installation peut produire jusqu’à 52 bouteilles quotidiennes, soit 50 000 litres d’oxygène par jour ». Une production qui couvre désormais l’essentiel des besoins hospitaliers de la province, transformant radicalement la prise en charge des cas critiques.
Comment cette avancée s’inscrit-elle dans le paysage sanitaire congolais ? Le gouverneur Mussa Kabwankubi a salué une initiative qui place le Maniema comme 23e province équipée d’un tel dispositif. Lors de la remise provisoire de l’usine, il a insisté sur « une utilisation rigoureuse par les responsables sanitaires » tout en remerciant le gouvernement central pour cette action décisive. Une étape cruciale dans le programme national visant à doter toutes les provinces de centres autonomes de production d’oxygène médical.
La production locale d’oxygène en RDC représente désormais un bouclier contre les décès évitables. Avant cette réalisation, l’approvisionnement erratique et les équipements défaillants condamnaient littéralement les patients en détresse respiratoire. Aujourd’hui, cette usine d’oxygène médical au Maniema symbolise plus qu’une infrastructure : c’est un respirateur artificiel pour tout un système de santé provincial. Grâce au soutien technique du Fonds mondial et de SANRU, chaque bouteille produite devient une bouffée d’espoir pour des milliers de Congolais.
Reste maintenant le défi de la pérennité. Si l’usine répond à l’urgence, son impact dépendra de la maintenance régulière et de la formation continue du personnel. Une vigilance d’autant plus nécessaire que les besoins en oxygène médical augmentent avec la prise en charge des pneumonies, complications du paludisme ou autres pathologies respiratoires endémiques. Le combat contre la mortalité évitable au Maniema vient de franchir un cap historique, mais la route vers une santé universelle effective reste un marathon exigeant.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net