« J’ai tout perdu en quinze minutes. Les flammes avançaient comme une bête sauvage », murmure Mama Pascaline, les yeux rivés sur les cendres de sa maison à Nyakaliba. Cette nuit du 4 au 5 juillet, un incendie dévorant s’est abattu sur le quartier populaire de Kadutu à Bukavu, transformant le quotidien de centaines de familles en cauchemar. Sous les cris et la fumée âcre, un drame insoutenable se jouait : un enfant de sept ans n’a pu échapper à l’étreinte mortelle des flammes.
Le bilan officiel donne froid dans le dos. Trente-neuf habitations réduites en cendres, 117 ménages projetés dans la rue, et 572 âmes condamnées à errer sans abri. Parmi les Kadutu sinistrés, des visages hagards fouillent les décombres à la recherche d’un objet familier. « Où vais-je dormir ce soir avec mes trois enfants ? » lance un père, désespéré, devant les planches calcinées qui abritaient sa famille. Cette scène de désolation, devenue hélas récurrente dans l’est de la RDC, illustre une vulnérabilité criante face aux catastrophes.
Si l’enquête se poursuit, les premières constatations pointent une sécurité électrique défaillante. « Des câbles dénudés qui grésillaient depuis des semaines », témoigne un voisin, évoquant le réseau vétuste du quartier. La structure même des logements – majoritairement en bois – a servi de carburant à la tragédie, permettant aux flammes de se propager à une vitesse terrifiante. Ces dégâts incendie massifs interrogent cruellement : pourquoi tolère-t-on encore ces bombes à retardement dans nos cités ?
Face à l’urgence, le chef de quartier lance un appel déchirant : « Nous avons besoin de tentes, de nourriture, de médicaments. Des enfants dorment à la belle étoile ! ». Les autorités provinciales sont sommées d’intervenir, tandis que les organisations humanitaires évaluent l’ampleur des besoins. Mais au-delà de l’aide d’urgence, cette catastrophe relance un débat brûlant sur l’urbanisation anarchique Bukavu. Comment expliquer que des zones entières échappent encore aux normes de construction élémentaires ?
L’incendie Bukavu de Nyakaliba n’est pas un hasard. Il s’inscrit dans une série noire de sinistres liés à la précarité urbaine. Des quartiers entiers poussent comme des champignons, sans plan d’aménagement ni contrôle des installations. Les branchements électriques sauvages y côtoient des maisons en planches collées les unes aux autres, créant un cocktail explosif. Quand la sécurité électrique Congo restera-t-elle une priorité plutôt qu’un vœu pieux ?
Derrière les chiffres froids – un mort, 572 sans-abri – se cache une réalité sociale implacable. Ces familles de Kadutu, déjà vulnérables économiquement, viennent de basculer dans la précarité absolue. Leur calvaire rappelle que chaque négligence en matière d’urbanisme et d’infrastructures se paie au prix fort. Alors que les fumées se dissipent sur Nyakaliba, une question persiste : combien de tragédies faudra-t-il encore pour que les leçons soient enfin tirées ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
