Une épidémie de Mpox, communément appelée variole du singe, sévit actuellement dans la zone de santé de Minga, territoire de Lubefu au Sankuru. Depuis mai dernier, 26 cas confirmés ont été enregistrés, dont deux décès, selon le médecin chef de zone Patrick Kitundu. Cette flambée épidémique place la région dans une crise sanitaire inquiétante, particulièrement dans l’aire de santé de Maya Mateke, épicentre de l’urgence.
Les villages d’Ilola Atoyi, situés à quinze kilomètres de Lubefu-Centre, comptent déjà quatre cas graves parmi les dix recensés. Comment une maladie virale peut-elle ainsi gagner du terrain ? La réponse réside en partie dans la vulnérabilité des populations touchées : plusieurs enfants de moins de 14 ans figurent parmi les patients, exposés sans protection adéquate.
Le Dr Kitundu tire la sonnette d’alarme sur un problème crucial : « Nous n’avons pas de médicaments appropriés. Les traitements se font avec les moyens du bord ». Pire, les stocks reçus de la Division Provinciale de la Santé (DPS) sont périmés, contraignant les familles à assumer seules les soins. Cette carence transforme chaque foyer en potentiel foyer de transmission, comme le souligne le praticien : « Les patients non pris en charge continuent de transmettre la maladie ».
Face à cette crise sanitaire à Lubefu, des mesures d’isolement ont été improvisées pour contenir la propagation. Mais l’absence de traitements antiviraux spécifiques rend la prise en charge inefficace. « Si nous avions les médicaments adaptés, nous pourrions bien soigner les malades », insiste le médecin chef, alors que 19 échantillons analysés ont confirmé le diagnostic de Mpox et que d’autres résultats sont en attente.
La situation révèle un paradoxe alarmant : comment la RDC, pays régulièrement confronté aux épidémies, peut-elle laisser ses zones rurales sans moyens de réponse ? Le député national Hippolyte Djongambo, élu de Lubefu, interpelle le gouvernement central : un appui urgent en médicaments et ressources est indispensable pour stopper l’hémorragie. Les cas de Mpox en RDC, particulièrement dans des régions reculées comme Minga, mettent en lumière la fragilité des systèmes de santé locaux.
Quels risques si rien n’est fait ? La variole du singe, bien que moins mortelle que la variole humaine, provoque fièvre, éruptions cutanées douloureuses et complications sévères chez les immunodéprimés. Sans isolement strict et sans traitements, le taux de transmission pourrait exploser dans ces communautés aux structures sanitaires précaires. La proximité avec la faune sauvage, réservoir potentiel du virus, ajoute une couche de complexité à cette santé à Minga déjà mise à mal.
En conclusion, cette épidémie dans le Sankuru exige une réaction coordonnée : renforcement des stocks médicaux, déploiement d’équipes mobiles et sensibilisation des populations sur les gestes barrières. Car comme le rappelle amèrement le Dr Kitundu, « les moyens du bord » ne suffiront pas à juguler une crise qui menace désormais la stabilité sanitaire de toute une région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net