Des détonations d’armes lourdes ont déchiré l’aube ce lundi dans le Nord-Kivu. Les rebelles de l’AFC/M23 et les combattants Wazalendo du Collectif des mouvements pour le changement (CMC) se sont affrontés violemment dans les villages de Munguli et Kikuro. Ces localités, situées respectivement dans les groupements de Kihondo et Tongo en territoire de Rutshuru, sont désormais le théâtre d’une escalade militarisée.
Dès 6 heures du matin, des échanges de tirs nourris ont retenti selon des témoins locaux. L’utilisation combinée d’armes légères et d’artillerie lourde a transformé ces zones rurales en champs de bataille improvisés. Cette recrudescence violente s’inscrit dans la continuité des accrochages du week-end ayant touché Birambizo, Karambi et d’autres secteurs de Kihondo.
Quelles conséquences pour les civils pris au piège ? Les affrontements Nord-Kivu ont déclenché des déplacements massifs. Des centaines d’habitants ont fui vers le groupement de Bashali-Mukoto ou se cachent dans la brousse. La destruction matérielle s’ajoute au traumatisme : au moins six habitations ont été réduites en cendres à Karambi dimanche, selon des sources concordantes.
Un incident particulièrement alarmant s’est produit lors du transfert d’un civil blessé. Alors qu’il était évacué dans une ambulance de Médecins Sans Frontières entre Bukombo et Mwesso, l’individu aurait été enlevé. Le Collectif des victimes de l’agression dénonce cette entrave flagrante au droit humanitaire. Cette crise humanitaire Nord-Kivu paralyse progressivement l’aide aux populations vulnérables.
Le conflit Rutshuru s’enracine dans une spirale infernale. Depuis plus de quatre semaines, les groupements de Bwito – incluant Bambo, Tongo, Bukombo et Kihondo – subissent des vagues récurrentes de violences. Les rebelles AFC M23 et les milices locales transforment la vie des civils en cauchemar permanent. Nombreux sont les déplacés RDC contraints à un exode pendulaire : retournant brièvement dans leurs habitations lors d’accalmies précaires avant de fuir à nouveau.
Les conditions sécuritaires se dégradent de façon alarmante. Les organisations humanitaires voient leur champ d’action se réduire comme peau de chagrin. Les routes d’accès sont coupées, les transferts médicaux compromis, et la distribution d’aide vitale gravement entravée. Comment sortir de cette impasse sanglante ? La question reste sans réponse tandis que la population endure son calvaire quotidien.
Cette situation illustre l’urgence d’une solution politique durable. Alors que les combats persistent, le bilan humain et matériel s’alourdit inexorablement. Les déplacés RDC se comptent désormais par milliers dans cette région oubliée. Sans intervention rapide pour désamorcer le conflit Rutshuru, la crise risque de franchir un nouveau seuil critique dans les prochains jours.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net